- Un traité sur la dynamique des systèmes que je résumais il y a peu insiste sur la question de la distance entre celui qui fait, et celui qui subit. Il est clair que l’on innove d’autant plus facilement que l’on ne paie pas pour ses erreurs.
- Je lis actuellement des ouvrages sur Athènes ancienne. Elle fut, du moins dans le cadre de la pensée, extraordinairement innovante, et sur un laps de temps court. Et si l’individualisme, qui me semble avoir été sa réelle particularité, favorisait l’innovation parce qu’il casse les solidarités sociales et la chaîne causes / conséquences ? Mais le plus fort est la pensée. Nous pouvons avoir les idées les plus farfelues sans en être punis. C’est d’ailleurs ce que Tocqueville reprochait aux intellectuels des Lumières, dont la philosophie avait déclenché la révolution.
- Tout le capitalisme ne tourne-t-il pas autour de cette question ? Ne s’agit-il pas, quasi explicitement, de pigeonner son prochain, de lui masquer les conséquences de ses actes ? C’est ainsi que Galbraith décrit les mécanismes de spéculation. D’ailleurs, est-ce immoral pour un Anglo-saxon ? Ne dirait-il pas que c’est le plus malin qui gagne ? Sélection naturelle. Ezra Suleiman (dans ce livre) montre que l’Amérique n’a pas notre notion d’intérêt général. Seul compte l’affrontement des intérêts particuliers. Cela justifierait-il l’hypocrisie, la soft power de Madame Clinton ? Moyen comme un autre de défendre ses intérêts ?
Mais l’avantage est-il durable ? La société (la nature ?), dont dépend l’innovateur !, ne finit-elle pas par avoir le dernier mot ? N'est-ce pas la question même du développement durable ? Ne faudrait-il pas mettre au point une forme d’innovation qui ne procéderait pas par pigeonnage / réaction ? Est-ce ce que j’essaie de faire ?