Une domination
pressentie, certes, attendue même, du premier au dernier kilomètre, après la
victoire du favori dans le prologue du Châble en côte. Mais celle-ci pose tout
de même des questions sur l’insolente supériorité de l’équipe britannique
depuis deux ans, laquelle est autrement plus performante que sa grande rivale
américano-suisse BMC présentée comme
une véritable « machine de guerre » à l’inter-saison (Gilbert,
Hushovd, Evans, Van Garderen, Phinney) mais que son directeur sportif belge a
bien du mal à faire fonctionner !
Quasiment le même tableau de marche que Wiggins l’an passé, la gentillesse en plus. A ce sujet, Chris Froome a fait l’unanimité sur son nom, parfaitement disponible, gentleman, parlant le français pur se préparer à l’avalanche de questions que son nouveau statut va immancablement provoquer de la part des médias de l’Hexagone.
Car on veut bien admettre que chez Sky tout est soigneusement étudié, préparé, organisé, millimétré, réglé comme du papier à musique. Personne, semble-t-il, n’est allé aussi loin dans les détails d’entraînement, la diététique, la récupération, l’approche de la compétition. Pas même Armstrong et ses US Postal, c’est tout dire ! On ne parle que de puissance, de watts. Mais il y a tout de même un mystère qui demeure et qui fait plâner un doute sur les performances de ces athlètes qui jouent avec l’opposition au point de régenter totalement la course et de lui enlever tout intérêt !
Avec les Sky, le cyclisme évolue comme la Formule 1 et il y a lieu de s’en inquiéter pour le spectacle de juillet prochain ! L’année dernière déjà, seules trois étapes sur les vingt ont eu une réelle influence sur le classement général. Et cette fois ? Froome et les siens, Richie Porte en tête, mais aussi Boasson-Hagen, Uran, G.Thomas, Siutsou, Tiernan-Locke, Kyrienka, Lopez Garcia, sans oublier l’énigmatique Wiggins, pèsent tellement lourd (au propre comme au figuré) qu’il n’y a plus de place pour l’improvisation, l’inattendu.
Aujourd’hui l’aventure humaine a disparu. Il n’y a plus de renversements de situation, de coups fourrés, de défaillances spectaculaires, de coups de théâtre comme les anciens suiveurs les ont vécus et le sport cycliste devient triste à mourir. A mourir d’ennui devant l’écran TV ou sur le terrain, là où les derniers passionnés, les vrais connaisseurs, veulent encore croire au miracle. Mais à chaque course, leur nombre se réduit. Jusqu’à ce qu’on découvre la supercherie : qui se cache derrière tout çà ?
Bertrand Duboux