L'histoire de l'art, cela peut, parfois, sembler rébarbatif ; mais Daniel Arasse, historien de l'art parmi les plus connus aujourd'hui, nous démontre le contraire, en particulier dans ce petit livre plein de charme, qui regroupe, sous une forme légèrement fictive, six études de tableaux particulièrement percutantes...
Nous découvrons, tout d'abord, que le Tintoret peut être comique, voire un tantinet coquin : si, dans Venus et Mars surpris par Vulcain, le pauvre Mars, réfugié sous une table, se trouve dans la position ridicule de l'amant de comédie, Vulcain ne l'est pas moins. Penché sur sa femme, il est littéralement fasciné par... son sexe, complaisamment montré ; et un miroir, en arrière-plan, montre la suite immédiate de l'action : Vulcain grimpe sur le lit et oublie ses griefs !...
Puis D. Arasse s'intéresse à un charmant escargot de Bourgogne qui se promène, nonchalant mais les antennes dressées, sur le bord de l'Annonciation peinte par Cossa...
L'escargot, qui appartient à l'espace du spectateur, représente aussi la Vierge : on pensait qu'il était, comme elle, fécondé par la rosée...
L'Adoration des Mages, de Brueghel, attire notre attention sur ce qui passionne le vieux roi mage Balthazar, myope et un peu gâteux : le sexe de Jésus ! Quant à Gaspard, le beau roi noir, il n'a pas besoin de voir pour croire... et il nous emmène dans le "Royaume du Roi Jean", mythique et attirant... quand on ne voyait pas encore le "bois d'ébène" dans les Noirs...
Le dialogue sur les cheveux de Madeleine me semble un peu moins réussi, plus lourd ; moins attrayants aussi les passages sur la Vénus d'Urbino (trop connue ?) ou les Ménines de Vélasquez...
Mais lire Daniel Arasse est un plaisir : le bonheur d'une érudition accessible, la joie de la (re)découverte...