Après l’effondrement de l’immeuble Rana Plaza abritant des ateliers de confection textile au Bangladesh il y a quelques jours, seules les marques Mango et Primark ont admis travailler à cette adresse… Un secret qui n’a pas tardé à être révélé grâce à des étiquettes retrouvées sur les vêtements gisant dans les décombres de la tragédie.
Ce drame qui a fait près de 380 morts et plus de 900 disparus, essentiellement des femmes, a de nouveau relancé le procès des grandes marques de l’industrie textile qui feraient travailler une main d’œuvre bon marché, voire pauvre, dans des conditions de travail déplorables, afin d’augmenter au maximum leur marge commerciale.
Le salaire moyen d’un ouvrier textile au Bangladesh serait de 30€ par mois, le tout sans contrôle sanitaire, aides sociales, voire un simple service médical. A ce tarif, on comprend les prix que Primark peut proposer dans son magasin londonien… Et on réalise aussi quelle marge phénoménale, l’enseigne Mango peut se faire. Car à moins de 50€ le vêtement, il n’y a pas grand chose en magasin…
Mango aurait ainsi passé commande de 25 000 pièces à cette usine et Primark aurait travaillé avec un sous-traitant, New Wave Bottoms, présent au 2ème étage de l’immeuble Rana Plaza.
L’association Clean Clothes Campaign qui défend les ouvriers du textile à travers le monde, à l’origine de ces révélations, indique avoir retrouvé, en plus des étiquettes, des documents commerciaux liant de nombreuses marques occidentales aux sous-traitants de l’immeuble. C&A, Wall Mart, Carrefour ou Benetton seraient aussi mis en cause.
Le Bangladesh est l’un des pays les plus pauvres au monde. L’industrie textile occidentale en profite pour produire à bas coût et augmenter ses volumes ou ses marges sur le dos des plus pauvres, sous couvert de donner du travail à des personnes qui seraient encore plus dans la misère sans eux. Le Bangladesh est le deuxième exportateur mondial de textile derrière la Chine et emploie 3,6 millions de personnes dans le pays.
Pourtant quand on voit le salaire offert et les prix pratiqués, on se dit, que même en augmentant le salaire de leurs ouvriers, en leur proposant une aide médicale, en revoyant leurs conditions de travail, notamment la cadence de travail ou l’emploi de produits hautement toxiques, ces marques pourraient encore largement s’en sortir…
Une course folle au profit dont les plus pauvres sont les victimes. Depuis 2005, plus de 1000 ouvriers ont péri dans des accidents industriels au Bangladesh…