Le 31 janvier dernier les éditeurs de presse français et le moteur de recherche Google ont trouvé un accord à hauteur de 60 millions d’euros. Cette somme doit permettre la transition de la presse française vers le numérique. A l’étranger, cet accord a été quelque peu critiqué. Des associations de presse allemandes ont notamment indiqué que l’accord français "ne constituait pas un modèle pour l’Allemagne". Journalismes.info dresse un état des lieux des négociations et des solutions trouvées entre les éditeurs de presse et Google dans différents pays. Focus sur l’Allemagne, la Belgique, le Brésil mais aussi la Suisse, le Portugal et les Etats-Unis.
L'Allemagne veut passer par la loi
Par la loi, L'Allemagne veut faire payer Google Outre Rhin, les critiques ont été acerbes envers l’accord entre les éditeurs français et Google. Du côté Allemand, on compte bien légiférer sur le référencement : "En signant cet accord, les éditeurs français se privent de la possibilité d'obtenir un recours juridique contre les organisations qui regroupent leurs contenus sans leur consentement " indiquent les éditeurs allemands. Alors quelle solution peut apporter l’Allemagne ? Le gouvernement souhaite élaborer une loi qui permettrait à la presse de taxer tous les moteurs de recherche et pas seulement Google. Les éditeurs sont d’accord avec ce projet. Le texte prévoit que les moteurs de recherche paient une redevance aux éditeurs de presse quand ils utilisent le titre et le chapeau d'un article. Si les moteurs de recherche n'achètent pas de licence d'utilisation, les éditeurs de presse pourront exiger l'interdiction de l'utilisation de leurs contenus.Cependant, dans le cadre du droit de citation et du référencement, Google ne paiera pas cette redevance. Pour certains il s'agit donc d'une petite avancée. Evidemment pour un porte parole de Google cette loi serait mauvaise puisqu’elle "ferait en sorte que les utilisateurs ne trouvent pas toujours ce qu'ils recherchent. Ce serait néfaste pour l'emploi et la croissance en Allemagne alors que près de la moitié de l'économie allemande dépend déjà du Net".La chambre basse des députés ainsi que la chambre haute l'ont d'ores et déjà adopté.
La Belgique : du déréférencement à un accord
C’est une histoire belge qui aura duré six ans. Pendant six longues années, Google et l’association qui défend les journaux belges Copiepresse, se sont affrontés sur la question du référencement. Il s’agissait d’une vraie guerre ouverte puisque Le Soir, L’avenir, ou encore La Libre Belgique ont même été déréférencés en 2011 par Google. La presse belge reprochait au géant américain de ne pas référencer équitablement les contenus. Mais il y a quelques mois Copiepresse et Google ont décidé de négocier après des années de bataille juridique et de travailler ensemble afin de promouvoir les éditeurs et les services de Google tels que Adwords pour attirer plus de lecteurs. Google et Copiepresse se sont également entendus pour tenter d’augmenter les revenus des éditeurs avec le contenu en utilisant des modèles de lectures payants. L’objectif de Google est enfin d’accroître l’implication des lecteurs en développant notamment Google +.Les journaux brésiliens choisissent de ne plus apparaître sur Google News
Contrairement à la Belgique, les journaux brésiliens ont décidé eux même de sortir de Google Actualités. Comme beaucoup d’homologues étrangers, les éditeurs brésiliens réclamaient une rétribution en échange de l’utilisation de contenus par Google. La demande a évidemment été rejetée par le moteur de recherche. Résultat, en 2011, O Estado de Sao Paulo, la Folha de Sao Paulo, O Globo ainsi qu’environ 150 titres ont décidé de quitter Google News.Comment survivent ils ? Ces titres tentent désormais d’être rentables avec des abonnements payants. Depuis, ils affirment que le fait de ne plus être sur Google n’a qu’un impact minime sur leur trafic : "même si nous reconnaissons qu'il y a eu une perte de trafic de lecteurs internautes, d'environ 5%, c'est le prix à payer pour la protection du journal et de sa marque ", a déclaré à l'AFP le secrétaire général du Comité des stratégies digitales de l'Association nationale des journaux (ANJ), Carlos Müller. "Ils ont d'abord conclu que la plupart des lecteurs se contentaient des trois premières lignes des articles publiés sur Google News" poursuit-il. Les journaux brésiliens ont ensuite décidé de ne mettre que le titre sur Google News, sans que les résultats ne soient meilleurs. Les internautes ne se contentaient en effet que du titre et ne lisaient pas l'article. Ils ont alors choisi de se retirer complètement du moteur de recherche.
En Suisse : la solution du paywall ?
Le Blick va faire payer une grande partie de ses articles d’ici à l’automne 2013 En Suisse, la reprise des contenus par Google est considérée "comme une forme moderne de vol ". La phrase est signée Marc Walder du groupe Ringier dans le journal Suisse Allemand SonntagsZeitung. Comme en Allemagne, les éditeurs suisses réclament une rétribution pour les articles référencés par la firme de MountainView. Mais comme toujours, Google refuse et met en avant la liberté d’information des internautes et plaide le fait que son moteur de recherche amène énormément de trafic aux sites d’informations. Les groupements Médias Suisses, Schweizer Medien, et Stampa Svizzera ont demandé comme leurs homologues allemands la mise en place d’un droit voisin. A noter que le journal Suisse le Blick va faire payer une grande partie de ses articles d’ici à l’automne 2013.Des négociations entamées entre les éditeurs portugais et Google
Pour la première fois les éditeurs de presse portugais et les représentants de Google se sont rencontrés fin mars. Albérico Fernandes, le président de la Confédération portugaise des médias a cependant confié que le moteur de recherche n'avait pour le moment rien concédé.Comme ailleurs, les éditeurs réclament que Google paie lorsqu'il utilise un lien hypertexte ainsi qu'un meilleur référencement. "Notre position consiste à dire que nos contenus ne sont pas gratuits" a indiqué Albérico Fernandes.
D'autres réunions entre les éditeurs du Portugal et Google sont prévues afin de poursuivre les discussions. Le moteur de recherche de son côté ne communique pas sur le sujet.