Spectre clinique de la neuromyélite optique. In Rev Med Suisse 2011; 7: 860 - 866
Source iconographique et légendaire: http://rms.medhyg.ch/article_p.php?ID_ARTICLE=RMS_291_0860
Il a été décrit que l’activation du complément après liaison d’un anticorps IgG à l’aquaporine 4 (AQPA) constitue l’un des déterminants majeurs de l’inflammation au niveau du SNC et des lésions astrocytaires, observées en cas neuromyélite optique. Le but de cet essai était l’étude de l’administration d'eculizumab – un anticorps IgG monoclonal neutralisant la protéine complément C5 – en cas de neuromyélite optique et d’autres pathologies du même spectre.
Entre le 20 octobre 2009 et le 3 novembre 2010, nous avons recruté des patients appartenant à deux centres situés aux États – Unis pour un essai ouvert. Les patients étaient positifs à l’IgG – aquaporine 4, âgés de 18 ans et plus, étaient atteints de neuromyélite optique ou autre pathologie du même spectre, et avaient subi au moins deux attaques dans les 6 mois ou trois attaques dans les 12 mois qui précédaient. Les patients ont reçu le vaccin antiménigococcique à la visite de sélection ; et le traitement à l’eculizumab a commencé deux semaines plus tard. Ils ont reçu 600 mg d’eculizumab par voie intraveineuse par semaine pendant 4 semaines, 900 mg à la semaine 5, et 900 mg toutes les deux semaines pendant 48 semaines. Les paramètres principaux mesurés étaient l’efficacité (nombre d’attaques [altération nouvelle des fonctions neurologiques d’une durée de 24 h ou plus et non attribuable à une cause identifiable]) et la sécurité. Les paramètres secondaires mesurés étaient l’incapacité (évaluée à l’aide de l’échelle EDSS - échelle élaborée des incapacités - ), la locomotion spécifique (échelle de Hauser), et l’acuité visuelle. A chacune des visites de suivi (après 6 semaines et 3, 6, 9, et 12 mois de traitement ; et 3 et 12 mois après interruption), les patients ont subi un examen neurologique complet, et ont répondu à un questionnaire sur les événements indésirables. (…).
Nous avons recruté 14 patientes, toutes féminines. Après 12 mois de traitement à l’eculizumab, 12 patientes étaient exemptes de récidive ; et deux avaient montré des signes d’attaques. Le nombre médian d’attaques par an est passé de trois avant la prise du traitement (extrêmes : de deux à quatre attaques par an) à zero (zero à une) pendant le traitement (p<0,0001). Aucun patient n’a montré d’altération supplémentaire d’incapacité au vu des mesures effectuées. La valeur médiane de mesure d’incapacité (échelle EDSS) s’est améliorée, passant de 4,3 (1,0 – 8,0) avant traitement à 3,5 (0,0 – 8,0) pendant le traitement (p=0,0078). Deux patientes ont montré une amélioration de deux points, et trois patientes une amélioration d’un point sur l’échelle de mesure locomotrice de Hauser ; aucun changement n’étant noté chez les autres patientes. L’acuité visuelle s’est améliorée d’un point sur au moins un œil chez quatre patientes, et de deux points chez une patiente, aucun changement n’a été enregistré chez les autres patientes. Une patiente a fait une septicémie à méningocoque et une méningite stérile environ deux mois après la première perfusion d’eculizumab, mais a repris le traitement après rétablissement complet. Aucun autre événement indésirable grave lié au médicament à l’étude n’est survenu. Huit attaques chez 5 patientes ont été rapportées dans les 12 mois suivant l’arrêt du traitement à l’eculizumab.
L’eculizumab semble être bien toléré, il permet une réduction significative de la fréquence des attaques, stabilise ou améliore les scores d’incapacité neurologique chez les patientes atteintes de neuromyélite optique agressive et autres pathologies du même spectre. Ces effets produits par l’eculizumab, bénéfiques en apparence, méritent d’autres investigations sur des études randomisées contrôlées de plus grande envergure. Dr Sean J Pittock MD et al, in The Lancet Neurology, Early Online Publication, 26 April 2013
Financement: Alexion PharmaceuticalsSource: The Lancet Online / Traduction et adaptation: NZ