29 avril 2013
La critique de Claude :
Un très beau film sur la liberté et la responsabilité de la pensée et de l’écriture, servi par un travail impressionnant sur le scénario et les dialogues de Margarethe von Trotta, par des acteurs remarquables, en premier lieu Barbara Sukowa, des décors et une lumière parfaits, tant à New York qu’en Israël.
En 1961, la philosophe d’origine allemande, universitaire respectée aux Etats-Unis, va couvrir pour une revue de gauche, le New Yorker, le procès d’Adolf Eichmann, à Tel Aviv. En écoutant les réponses de l’ex officier SS, elle relativise sa culpabilité, en le caractérisant comme un « petit fonctionnaire » appliquant aveuglément la consigne (ce qu’elle traduit par le concept de « banalité du mal »).
Ce faisant, elle déclenche une vraie fureur en Israël et aux Etats-Unis : comment une juive peut-elle exonérer Eichmann de sa culpabilité ? Et elle fait face à l’ostracisme de certains de ses amis, de son Université, de la Presse. Des scènes très dures la montrent condamnée et pourchassée, sauf, lueur d’espoir, par ses étudiants.
En fait, elle a été mal comprise, et interprétée caricaturalement : elle n’a pas minimisé la responsabilité d’Eichmann, engagé dans la SS dès 1933, devenu chef du service des transports pour la « solution finale », et donc parfaitement coupable de crimes de guerre.
Mais l’occasion est trop belle, pour les auteurs du film, de stigmatiser l’intolérance supposée des sociétés américaine et israëlienne, et de ce point de vue, le film laisse un certain malaise.