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L'apprentissage des complexités

Publié le 28 avril 2013 par Olivier Leguay

Il est question de refonder l'école et d'une façon plus générale de donner un sens aux apprentissages d'aujourd'hui et de demain. Les anciennes recettes semblent usées mais d'autres nouvelles ne semblent pas tellement donner plus de satisfaction. Alors comment refonder un édifice sans abandonner l'ancien et en faisant peu de place à la nouveauté, autrement qu'en invoquant l'opportunisme de sa composante technophile?

Je me suis attelé pendant plusieurs années à vouloir intégrer "l'apprendre à apprendre" au coeur même de l'apprentissage des contenus. J'y ai appris beaucoup sur les possibilités et les limites de cette approche, mais aussi  de toute l'information issue des retours élèves. J'arrive aujourd'hui à un point d'étape. Je vais changer de chemin sans abandonner l'ancien.

Il me semble en effet, que malgré l'immensité de la tâche que je me suis fixée, celle-ci est trop "simple" dans son but, presque trop scolaire, trop compacte, sans espace. Le travail approfondi sur les apprentissages m'a permis d'ouvrir la porte de la diversité dans chacun de mes actes: didactique, pédagogie, gestion de classe, motivation, évaluations, communication en classe et numérique, contenus, travaux, supports. Ce qui m'a le plus interpellé est que cette diversité amène avec elle la complexité. En effet, les possibles sont devenus très nombreux car ils sont liés à une combinatoire impressionnante.

Vu de l'extérieur le métier de l'enseignant parait simple, pour ne pas dire simpliste. Je le trouve complexe à bien y regarder. De plus en plus complexe. Alors pourquoi cette complexité ne deviendrait pas le coeur même de ce qu'apprend l'école aux élèves? Elle ne peut-être que composite et multiforme. Elle ne peut pas être réduite à l'un des systèmes de regroupement des élèves et inclut nécessairement le corps, les supports numériques et la parole, l'abstrait et le concret, le matériel et le conceptuel, etc. La complexité et son apprentissage sont exigeants. Ils ont soif de cohérence, de rigueur, de coordination et de diversité. Complexe ne veut pas nécessairement dire difficile car la source des complexités n'est pas unique. Elles s'abreuvent du nombre et de la qualité, du temps, de l'espace, du corps, de l'intellect... Les complexités sont sans doute le défi d'apprentissage de l'école de demain. A elle de les définir et de ne pas faire d'amalgames malheeureux, de simplifications outrancières et de complexifications inutiles. L'apprentissage de la complexité veut dire naviguer à la surface mais aussi plonger en eau profonde. Complexe ne veut pas dire superficiel. Complexe n'est pas non plus synonyme de difficile.

Je vais donc sans doute orienter les prochaines années de mon enseignement vers l'étude des complexités comme "objet scolaire". Sans se méprendre sur le terme. Les complexités peuvent se trouver dans les demandes, dans la diversité des attentes, des travaux demandés et des réponses attendues, dans les contenus, dans l'apprentissage. La complexité ne peut se laisser enfermer dans un seul cadre, dans des mots clé hypertrophiés que le système scolaire aime placer sur la scène pour en surjouer la représentation.

L'apprentissage des complexités et la complexité des apprentissages formeront les deux piliers de ma future philosophie scolaire:

complexités

A gauche: l'Arcimboldo "numérique, Bogoss II en WebTube de Camille Gévaudan

Au centre: l'enfant Arlequin

A droite: l'Arcimboldo "historique"


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