Les récents sondages au Québec nous éclairent sur l’évolution de la politique depuis l’élection générale, d’il y a sept mois. Le gouvernement du Parti Québécois (PQ) perd des plumes et l’opinion publique lui préfère le Parti Libéral du Québec (PLQ) dirigé par le nouveau chef Philippe Couillard. Quant au deuxième parti de l’opposition, Coalition pour l’avenir du Québec (ADQ) de François Legault, il continue sa descente aux enfers.
Les souverainistes-indépendantistes-séparatistes, on ne sait plus par quel nom les désigner, expliquent l’impopularité croissante de leur parti en blâmant le richissime Paul Desmarais, l’incontournable fédéraliste qui incarne pour eux le diable en personne. Ils le traitent de tous les noms : écumeur, prédateur… Leur prétention est qu’il mène une constante et subtile campagne anti-séparatiste via les journalistes de sa chaîne de journaux. Ils le honnissent au point que c’en est devenu une obsession maladive.
Pourtant, leur parti PQ est au pouvoir à Québec. Leur PM Pauline Marois et ses ministres sont libres de traduire en lois toutes les résolutions adoptées aux congrès de leur parti. Leurs adeptes et amis sont nommés à tous les postes importants de la machine gouvernementale. Le PLQ, l’opposition officielle, est en réorganisation profonde et loin d’être prêt à devenir le gouvernement. La CAQ qui détient la balance du pouvoir à l’Assemblée nationale perd des appuis à chaque sondage et, au risque de perdre des députés, ne peut forcer une élection dans un avenir rapproché, ce qui assure que leur gouvernement minoritaire demeurera au pouvoir pour plus de deux ans.
Alors, où est le problème ? Pourquoi le gouvernement perd-t-il graduellement la confiance des Québécois? À cause de son programme électoral qu’il peine à respecter ? Au déficit de charisme de sa cheffe Pauline Marois ? De ses reculs constants ? Des notes discordantes que le public entend de ses propres partisans qui le critiquent à qui mieux mieux ?
À mon avis, dans un premier temps, le message est le problème. Trop de séparatistes propagent d’invraisemblables scénarios plus irréalistes les uns des autres. Sévères envers la PM, ses ministres et leurs actions, ils expriment leur déception réelle en prétextant que le gouvernement ne répond pas à leurs attentes en ne propulsant pas à l’avant-scène le débat sur la séparation du Québec. La clameur qui en résulte est négative. En plus, ils perdent leur temps à dénigrer Desmarais et ses amis, ils tonnent avec véhémence contre leurs anciens chefs Johnson et Bouchard, contre Justin Trudeau, contre tout ce que fait le fédéral et contre leurs compatriotes qui ne sont pas en accord avec eux. Certains vont même jusqu’à accuser ces derniers d’être traitres à la nation. Ne comprenant pas l’importance de faire la part des choses, leur crédibilité en souffre.
Contrairement à René Lévesque, Gérard Parizeau, Lucien Bouchard et autres qui avaient un message à la hauteur de la question, leurs contemporains n’en n’ont pas.
De plus, ils ne semblent pas réaliser qu’en plus du message, il faut un chef, un leader charismatique, persuasif, simple, aimé, entraînant et capable de toucher simultanément le cœur et l’intelligence de ses compatriotes, comme l’ont été René Lévesque et Lucien Bouchard.
Lévesque fut un grand PM du Québec. Il avait un message fort, émouvant, profond et persuasif à un moment tournant de l’histoire moderne du Québec.
Lucien Bouchard devint le leader charismatique du référendum de 1995. Il était un orateur populaire, à l'éloquence puissante et son message toucha directement le cœur des Québécois qui en nombre croissant venaient à sa rencontre.
Le vrai défi des séparatistes d’aujourd’hui est de trouver un tel leader, qui par sa magie intellectuelle et verbale, transformera l’opinion publique au point qu’elle veuille accepter de considérer sérieusement leur idée de séparer le Québec du Canada.
Au rythme actuel des reculs du gouvernement de Pauline Marois par rapport à son programme électoral, de la situation économique qui l’empêchera de balancer le budget, de ses improvisations dans le domaine de l’énergie, des tergiversations de sa gouvernance séparatiste, des nouveaux impôts et taxes et encore, il est fort possible que le PQ soit défait à la prochaine élection. Il est donc pensable que d’ici trois ans, il voudra se trouver un nouveau chef.
Ce pourrait être le moment attendu par plusieurs qui voient dans leur soupe le profil de Pierre-Karl Péladeau (PKP).
Ceux qui le connaissent, savent que PKP a une forte sensibilité nationaliste. Il n’est pas le seul au Québec avec un tel sentiment. Je connais un très grand nombre de Québécois qui le partagent, qu’ils soient fédéralistes ou séparatistes. Nous aimons le Québec et nous voulons qu’il puisse atteindre son plein potentiel de développement pour assurer une vie de qualité à nos familles et nos descendants. C’est dans la manière qui nous différons.
PKP, contrairement à son père Pierre, n’a jamais hautement affiché sa couleur politique. Ne mêlant pas affaires et politiques, il a toujours contribué financièrement aux partis politiques du Québec et du Canada. Les gouvernements et le public étant essentiels à la création de son empire et il ne voulait bousculer ni l’un ni l’autre.
Québecor a été bâti grâce à l’apport de son père, l’obtention d’importantes aides financières gouvernementales, l’octroi de permis de communications du fédéral, l’appui des PM Landry, Charest, Marois et Harper, d’importantes acquisitions mais surtout par le flair et les talents personnels de PKP.
Aujourd’hui, PKP demeure le principal actionnaire du Groupe Québecor Inc. et le président de son conseil d’administration (CA). Il maintient donc un intérêt personnel et financier important dans ce conglomérat géant. C’est pourquoi sa récente nomination à la présidence du CA de l’Hydro-Québec a créé certains malaises en rapport avec la possibilité de conflits d’intérêts. Mais la PM Marois a expliqué qu’elle avait pris les précautions nécessaires pour assurer que PKP les évite.
De toute façon, l’avenir nous le dira. Si, par exemple, les membres du CA de l’HQ sont vitement changés par des sympathisants politiques, ce sera un signe révélateur des vraies intentions de la PM Marois et de PKP.
Les milieux séparatistes rêvent. Ils croient avoir trouvé en PKP le chef charismatique qui les amènera éventuellement vers la terre promise. En a-t-il les qualités ?
Je leur rappelle simplement qu’il y a un monde entre le succès en affaires et le succès en politique. À suivre….
Claude Dupras