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[Événement] Festival Séries Mania - Jour 3 et 4

Par Anaïs

Previously on Festival Séries Mania : votre humble et dévouée Nyx s'est délectée sous le soleil Thaïlandais avec 30 degrees in February puis a malencontreusement frôlé la déshydratation devant Don't wipe tears without gloves (premier coup de cœur de la semaine !). Un obscur troll a profité de son étourdissement pour l'attaquer lors de la conférence sur les coproductions européennes. Après une lutte sans merci, dont naturellement est elle sortie victorieuse (elle n'a pas regardé Buffy contre les vampires pour rien !), elle a paisiblement somnolé devant Combatientes et Ananda a achevé de la requinquer !

Vous vous en doutez, j'aurais aimé poursuivre le récit de mes fabuleuses aventures au Festival Séries Mania sur une note tout aussi positive, malheureusement, mon expédition a pris une tournure inattendue : mon gouvernail intérieur a semble t-il mis le cap vers la Médiocrité, cette terre hostile que tout sériephile redoute.J'y ai trouvé Odysseus, dont j'avais tant entendu parler jusqu'ici et qui ne s'est pas révélée à la hauteur de mes attentes – accessoirement, la série sera diffusée sur Arte au début du mois de juin – mais aussi Unité 9 et 6 dollars per hour qui m'ont distraite sans toutefois parvenir à m'enchanter. Un tour du monde des séries un brin décevant donc.


[Événement] Festival Séries Mania - Jour 3 et 4
Table-ronde - Quelles formations pour les séries ? 
Avec Ben Gibson (London Film School), Marc Nicolas (La fémis), Véronique Perles (directrice du Pôle Auteurs et utilisateurs SACD), Jan Schütte (Deutsche Film-und Fernsehakademie Berlin), Patrick Vanetti (CEEA)
Écrire et produire des séries télévisées implique un savoir-faire spécifique pour lequel les formations semblent insuffisantes. En France, un changement de législation fin 2011 a ouvert la voie à la formation professionnelle continue pour les artistes auteurs et en septembre 2013, La fémis lance une nouvelle filière de formation spécifique pour les séries télévisées. Cette table ronde propose un regard croisé de la situation française avec deux autres initiatives européennes.

Une conférence a fortiori plus pragmatique que celle sur les coproductions européennes et à destination cette fois des Sériesmania-ques désirant travailler dans le milieu des séries télévisées et/ou des petits curieux qui, comme moi, souhaitent simplement savoir quelles formations offrent la France et plus largement l'Europe et ainsi, comment seront former les scénaristes, producteurs (liste non exhaustive) de demain. 

Si vous faites partie de la première catégorie, s'offrent donc à vous : 


  • Le CEEA (Conservatoire Européen d'Écriture Audiovisuelle) qui est l'organisme précurseur en la matière puisqu'il forme des scénaristes pour la télévision depuis plus de quinze ans. C'est une association à but non lucratif financée par différents professionnels de l'audiovisuel (TF1, Canal+, France 2, Arte, CNC etc). L'unique critère d'admissibilité est d'avoir entre 20 et 40 ans (bien qu'ils peuvent y déroger). De plus, aucun diplôme n'est indispensable. On accède au CEEA par concours (12 élèves maximum par formation). La scolarité se fait sur deux ans (1400 euros/an) au terme desquels le CEEA délivre un titre professionnel de scénariste. À titre d'exemple, ils font formé des scénaristes ayant travaillé pour Xanadu, Un Village Français, Les Revenants ou encore Odysseus.
  • La Fémis qui, jusqu'ici, ne disposait que d'un module consacré aux séries télévisées mais qui ouvrira en septembre prochain une "formation de spécialisation" d'un an qui s'adresse, ici, en priorité aux personnes ayant entre 27 et 30 ans (dérogation possible toutefois, là encore) soit aux personnes ayant déjà une expérience en la matière (et un niveau master). Cette formation sera entièrement centrée sur l'écriture mais ouverte autant à ceux qui sont scénaristes que producteurs ou réalisateurs par exemple (il suffit d'entretenir malgré tout un rapport étroit à l'écriture). 10 ou 12 admissions possibles via concours (les inscriptions sont ouvertes jusqu'au 3 mai, hâtez-vous !).
  • La formation continue qui, suite au vote d'une loi en 2011, permet l'accès des auteurs-artistes expérimentés à une formation dite continue. Ces derniers peuvent recevoir jusqu'à 7200 euros. Ce fond est financé par les diffuseurs, les sociétés de perception et de répartition des droits d'auteurs ainsi que les auteurs eux-mêmes, dans une moindre mesure. Les critères d'éligibilité sont : être affilié à la maison des artistes ou avoir perçu entre 3000 et 9000 euros en tant que scénariste.   
  • Des écoles européennes : ici était présentée la formation "Serial Eyes" qui est lancée par la Deutsche Film-und Fernsehakademie Berlin en collaboration avec lLondon Film SchoolCe programme vise à former des scénaristes susceptibles de travailler individuellement et collectivement à l'échelle européenne en 10 mois.

J'ajoute quant à moi l'Ina (Institut national de l'audiovisuel) qui propose des stages dans le cadre de formation continue, l'Insas (Institut national supérieur des arts du spectacle et des techniques de diffusion) ou encore l'université qui peut, quoi qu'on en dise, offrir une formation théorique de qualité (Licence Arts du spectacle à Nanterre, Master professionnel scénario, réalisation et production de Paris 1, Master "Filmer le réel" à Nancy 2, Licence et Master métiers de l'audiovisuel et du multimédia à Valenciennes, etc).Seul bémol durant cette table-ronde, les interventions appuyées voire insistantes de Patrick Vanetti (CEEA) et de Marc Nicolas (Fémis) qui semblaient se tirer dans les pattes et ont donc donné à cette conférence un arrière goût d'immature compétitivité...

[Événement] Festival Séries Mania - Jour 3 et 4[Événement] Festival Séries Mania - Jour 3 et 4
Unité 9 (épisodes 1 et 2) suivi d'une discussion avec Jean-Philippe Duval, réalisateur de la série 
Condamnée pour tentative de meurtre, Marie est envoyée dans un pénitencier pour femmes. Entre solidarité et hostilité, elle va apprendre à y survivre… Unité 9 est une oeuvre féministe aux personnages de femmes hauts en couleur. Elle est applaudie par la presse et le public québécois, notamment pour ses actrices de talent, dont Suzanne Clément (Laurence Anyways). 

Un feuilleton (ou "téléroman" comme on dit au Québec) qui relate la descente aux enfers progressive de Marie, condamnée pour tentative de meurtre et envoyée au pénitencier fédéral de Lietteville. Modelé sur celui de Joliette, dans lequel les détenues ne portent pas d'uniforme et vivent à six dans des bungalows (appelées "unité"), l'environnement sadique  car presque agréable  du pénitencier est parfaitement rendu dans Unite 9 qui a été tournée (tenez-vous bien !) dans les caves de Radio Canada. J'ai pour ma part particulièrement apprécié les scènes carcérales et notamment le regard porté sur les difficultés d'adaptation dans un contexte où tout laisse à penser qu'on est libre (les unités sont équipées de télévision, il n'y a pas de barreaux aux fenêtres etc). Malheureusement, la série suit également les traces de la famille de Marie (dont son insupportable fille) ce qui tend à annihiler l'intensité dramatique. De même pour l'accent qui rend qui plus est la compréhension difficile ou encore pour l'écriture qui n'évite pas tous les poncifs du genre. Force est de constater toutefois que le casting est formidable (preuve en est avec la scène de la fouille, glaçante à souhait). En résumé, une immersion dans l'univers carcéral réussie mais pas pour autant exempte de défauts. Difficile cela dit d'arriver à ne serait-ce que la cheville du modèle référent en la matière, j'ai nommé, Oz.À noter, la projection était suivie d'une rencontre très instructive avec Jean-Philippe Duval, l'un des réalisateurs d'Unité 9. Ce dernier a en autres confié les difficultés rencontrées (notamment en termes de budget ce qui explique l'austérité du générique par exemple) mais aussi évoqué le rythme tout à fait intensif du tournage ("sur la fin, on tournait quasiment le jour pour le lendemain"). Enfin, il est revenu sur le succès incroyable de la série outre-atlantique (2 millions de téléspectateurs en moyenne) dans un contexte propice (le projet de loi C-10 adopté) et sur l'engouement des fans sur les réseaux sociaux (une saison 2 est donc prévue !). Créatrice : Danielle Trottier. Scénariste : Danielle Trottier.Réalisateurs : Jean-Philippe Duval et Louis Bolduc.    Date : 2012.Saison : 1 (25 épisodes de 44 minutes).

[Événement] Festival Séries Mania - Jour 3 et 4 [Événement] Festival Séries Mania - Jour 3 et 46 dollars per hour (épisodes 1 à 3) 
Trois femmes de ménage, dont une jeune femme arabe et une émigrée ukrainienne, sont licenciées par l’entreprise d’intérim qui les emploie. Pour survivre dans la jungle de la grande ville, elles prennent le risque d’offrir directement leurs services à leurs anciens clients. Une plongée réaliste et sans fard dans le quotidien éprouvant de la précarité contemporaine. Prix de la meilleure série israélienne 2012. 

Le destin mouvementé, entre espoir et errance, de trois femmes de ménage (dont une jeune femme arabe et une émigrée ukrainienne) licenciées par leur entreprise d'intérim. Comme son nom l'indique, 6 dollars per hour questionne le statut précaire de ces employées – fort du succès de la série, la question a d'ailleurs fait l'objet d'un débat national en Israël – mais aussi celui des femmes dans une société phallocrate et enfin, celui des émigrés. Si donc ce trio féminin permet d'évoquer des sujets cruciaux (racisme, misogynie etc), malheureusement, le traitement de ces thématiques est desservi par une réalisation, à mon sens trop apathique. Construite comme un film, la série manque en effet de rythme et tarde à "décoller", comme on dit dans le jargon sériephile. En cela, elle peut lasser assez rapidement les spectateurs les moins assidus. En résumé, une série sociétale intéressante mais quelque peu indolente  cela dit, la suite gagne peut-être en intensité dramatique  qui porte un regard sans fard sur l'entreprise et les relations hommes-femmes. 


Créateur : Yossi Madmoni. Scénariste : Yossi MadmoniRéalisateurs : David Ofek et Sari Ezouz.    Date : 2012.Saison : 1 (8 épisodes de 35 minutes).
[Événement] Festival Séries Mania - Jour 3 et 4[Événement] Festival Séries Mania - Jour 3 et 4
Odysseus (épisodes 1 à 3) en présence de l'équipe artistique 
Situation critique à Ithaque : voilà dix ans qu’Ulysse n’est toujours pas rentré de Troie. Le peuple manque de tout et gronde. Face aux manigances des prétendants, Pénélope peine à préserver le trône et à protéger son fils Télémaque… L’attente sur l’île et la relation père-fils sont les angles inédits d’approche du mythe que développe cette ambitieuse coproduction européenne. Pari réussi, avec créativité et panache !

Adaptation des douze derniers chants de l'Odyssée d'Homère, cette coproduction franco-italo-portugaise choisit de se concentrer sur l'attente des proches d'Ulysse à Ithaque. Si cette ambitieuse série est servie par une excellente bande originale et nourrie d'idées fort originales (notamment celle de briser le mythe d'Ulysse et de le présenter comme un tyran brisé par ses longues années d'errements), Odysseus demeure malheureusement décevant. La faute à son écriture, somme toute assez plate – ce qui peut sembler ahurissant quand on sait le nombre de scénaristes qui ont participé au projet (13)  à sa réalisation éminemment statique et enfin à son casting médiocre : à l'exception en effet de Carlo Brandt (Laerte) et Joseph Malerba (Mentor), les acteurs sont certes beaux mais incroyablement lisses. En résumé, une fresque à mi chemin entre le péplum et le nanar qui a toutefois le mérite de faire (re)découvrir un texte fondateur.

Notons que si la comparaison avec un monument comme Rome est inéluctable, elle n'a pas forcément lieu d'être, le budget d'Odysseus étant nettement plus serré (12 millions d'euros au total soit le coût du premier épisode de Rome, c'est vous dire !). 

Créatrice : Frédéric Azémar. 
Scénariste : Frédéric Azémar, Olivier Dujols, Marine Francou, Stéphane Giusti, Fanny Herrero, Olivier Kohn, Flore Kosinetz, Frédéric Krivine, Elsa Marpeau, Florent Meyer, Zina Modiano, Anne Peyregne, Stéphane Piatzszek et Marie Roussin.Réalisateur : Stéphane Giusti.    Date : 2013.Saison : 1 (12 épisodes de 52 minutes).
Suite et fin de mes pérégrinations au Festival Séries Mania mardi ! Gageons que les projections du jour sauront raviver mon intérêt.

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