Voilà déjà dix ans que ce spectacle a été créé. Et pourtant les enfants qui y participent en mesurent l’actualité : cela parle de notre monde, un monde de mots. Ils ont remarqué qu’il revient souvent dans les textes qu’ils entendent autour de la robe immense de Zaïna, le mot « mot ». C’est qu’il n’est question que de ça. Les mots qui construisent peuvent aussi être ceux qui détruisent. Les voyelles se transforment en consonnes comme des anges déchus. Mais l’Alpha peut-il vraiment tout régenter ? La voix de Zaïna emprunte des airs à la valse, au baroque, au rap, et à bien d’autres styles, pour prolonger l’histoire que tire de sa langue un enfant, puisque, sur chaque langue colorée qui dépasse du tissu, quelques mots attendent d’être lus. La curiosité des enfants, leur enthousiasme, et le dialogue qui s’engage à la fin du spectacle, tout cela fait plaisir à voir, et à revoir, et à entendre. La voix qui monte, le souffle qui passe, l’arc-en-ciel sur la tête, jusqu’au « dernier matin du mot ».
J’ai vu ce spectacle, programmé par le CAEL, à l’Agoreine dans le cadre de la semaine musicale de Bourg-la-Reine.