On estime que 15% de la population souffrent d'acouphènes. Cette impression désagréable d'entendre un bourdonnement, un sifflement, un chuintement ou encore des cliquetis dans une ou dans les deux oreilles, alors qu'aucun son n'émane de l'environnement, a été récemment étudiée par une équipe de chercheurs du Centre de Recherche du Cyclotron de Liège (Belgique)
« L'acouphène est parfois très mal vécu et a déjà conduit au suicide, indique le professeur Philippe Lefèbvre, chef du service d'oto-rhino-laryngologie du CHU de Liège. Toutefois, chez le patient déprimé, le problème est souvent beaucoup plus profond. »
Les acouphènes correspondent la plupart du temps à des bruits de 10 à 30 dB. Cependant, il arrive de façon beaucoup plus exceptionnelle qu'ils soient assimilables à des sons de 70 ou 80 dB - une conversation normale se situe vers 55 dB. Chez les personnes qui ne se sentent pas gênées par leur acouphène, intervient un phénomène dit d'habituation : le cerveau filtre les informations parasites, de sorte que les « sons fantômes » se circonscrivent au niveau de l'inconscient.
Comme le souligne le professeur Philippe Lefèbvre, c'est le même mécanisme qui fait que nous n'avons pas l'attention attirée en permanence par le tic-tac d'une horloge ou le frottement de nos vêtements sur le corps.
Rappelons qu’il y a deux types d'acouphènes. Qualifiés d'« objectifs », les premiers sont très minoritaires (5% des cas). Muni de son stéthoscope, un médecin peut les entendre. Ils résultent habituellement d'une malformation vasculaire (on entend, par ex., un souffle au niveau de la carotide) et, de ce fait, sont de caractère pulsatif, car synchronisés avec les battements cardiaques, ou appellent l'idée d'un chuintement (flux sanguin). « Pour supprimer de tels acouphènes, il faut apporter une solution au problème sous-jacent - par exemple, lever un rétrécissement carotidien », rapporte Philippe Lefèbvre.La majeure partie des acouphènes sont donc « subjectifs ». Liés à un dysfonctionnement de la voie auditive, ils ne sont perçus que par la personne qui en souffre. On les classe en deux grandes catégories. La première renferme les acouphènes qui découlent d'une augmentation de la fréquence des décharges de potentiels d'action au niveau de la cochlée (cellules ciliées, neurones). Autrement dit, l'oreille se met à envoyer des signaux qui ne répondent à aucun stimulus externe. La seconde catégorie, elle, est constituée des acouphènes dont l'origine première est une détérioration de l'acuité auditive, notamment en relation avec l'âge.
Que se passe-t-il ? À la diminution de fonction de la voie auditive répondrait une réduction des inhibitions au niveau du cortex cérébral. Du moins, telle est l'hypothèse la plus probable. Cela suggère que le cerveau tenterait de compenser la perte auditive en augmentant son activité, ce qui générerait des « sons virtuels ». Parmi les thérapies qui marchent pour ces acouphènes indécelables à l’examen clinique, la thérapie sonore, notamment celle mise au point par le musicothérapeute français Philippe Barraqué, donne de bons résultats au bout de quelques mois d’écoute quotidienne (1 à plusieurs heures par jour).
Source : Université de Liège
Le blog des acouphéniens
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