Je me rends très rarement dans les magasins d’alimentation proposant des produits biologiques. Uniquement pour trouver des farines particulières, des trucs anti-ballonnement, des machins anti-acides ou des bidules un peu exotiques indispensables pour réaliser une recette trouvée dans le dernier numéro de Biba. Je suis toujours étonné par les tronches des clients, souvent verdâtres, sèches et peu épanouies. Côté choix, les étalages ressemblent à ceux de la République Démocratique Allemande peu avant la chute du mur. Je suis également étonné par le mélange des genres. Les flacons de lotions soulageant le cul qui gratte côtoient les graines de lin, les carottes ternes, le pain ou les produits de beauté du Docteur Douchka si chers à Frédéric. Mon magasin bio n’est certainement pas représentatif car il donne une image très austère de ce genre de produits.
J’ai un moment été très tenté de consommer bio. Sur les conseils d’une collègue cosmicobaba, je m’étais inscrit à un programme permettant d’obtenir deux fois par semaines un panier de fruits et légumes bios. Les produits provenaient directement du producteur et étaient de saison. Les paniers étaient également accompagnés de recettes originales, souvent indispensables pour cuisiner certains légumes provenant de l’espace que je ne connaissais même pas de nom ou d’autres dont j’avais uniquement entendu parlé par ma grand-mère lorsqu’elle décrivait les périodes de disette pendant la seconde guerre mondiale. Cette expérience m’a permis de découvrir de nombreuses variétés et de nouveaux goûts. J’ai cependant arrêté au bout de quelques mois car les fruits et légumes devaient être très rapidement consommés car ils pourrissaient allègrement dans ma cuisines au bout de deux ou trois jours.
Cette expérience m’a permis de comprendre qu’il ne suffisait pas de consommer bio mais mieux. Ne pouvant pas consommer uniquement bio, je me suis interrogé sur le bénéfice de tels produits qui ne garantissent aucunement une qualité supérieure. Je préfère ainsi choisir mes produits, faire mon marché et me rendre chez mon boucher, et pas seulement pour son joli petit cul bien ferme. Qu’un consommateur lambda achète bio par goût ou par conviction(s), oui. Qu’il considère que ces produits sont forcément meilleurs pour la santé ou d’une meilleure qualité, non. Aucune étude clinique sérieuse n’a démontré une différence significative. On tombe bien malheureusement dans des études Danacoloactimeloessensis sans aucune valeur scientifique qui permettent de véhiculer un message déformé, biaisé et sans aucune valeur clinique.
Je me souviens d’une soirée passée chez Cécilou et Mimi Zonzon qui organisent traditionnellement un barbecue pendant le week-end du 15 août. Mimi, Snooze et moi-même représentions l’affreux lobby pharmaceutique et les autres (nombreux) invités étaient des adeptes du bio et des médecines parallèles. Beaucoup avaient passé la soirée à se gaver de cochonnaille, à picoler et à fumer. Un couple refusait de recourir à l’allopathie pour soigner leur petit enfant dont les bras étaient recouverts d’eczéma. Le lendemain matin, alors que la plupart terminait de flinguer ses triglycérides en se goinfrant de viennoiseries, je me suis pris un scud en pleine gueule alors que je buvais un verre de lait. Comment pouvais-je consommer du lait, si dangereux pour la santé ? Le lait, ça pue. D’ailleurs, tout le monde sait ça. L’homme n’est pas programmé pour consommer cette saloperie. Il y a de plus en plus d’intolérances et d’allergies, tout ça tout ça. Sans compter sur les industriels qui nous forcent à ingurgiter toutes ces merdes.
J’ai pris la
gazette du bio dans mon magasin roumain préféré hier soir. La une était consacrée au lait et deux médecins homéopathes décrivent avec une impartialité totale les méfaits de l’affreux lolo et proposent aux lecteurs une liste de livres anti-lait (sic), des livres de recettes sans lait ainsi qu’une liste de sites internet proposant une cuisine alternative sans produits lactés. Un article est même consacré aux troubles mentaux. Ainsi, “selon plusieurs scientifiques, le lait industriel serait la cause insoupçonnée de nombreuses pathologies neurologiques mais aussi digestives. Des tests existeraient pour mesurer notre degré d’intoxication et libérer nos organes nettoyeurs. l’intolérance au lait concernerait 75 % de la population mondiale. Les chiffres sont alarmistes, les propos vagues, idéal pour terroriser la ménagère. L’auteur ne précise pas que l’allergénicité du lait se révèle chez 0,5 à 4 % des enfants et que sa prévalence diminue avec l’âge généralement disparaître à l’âge adulte. L’article confond intolérance potentielle (70 % de la population mondiale ne produit pas assez de lactase) et intolérance réelle. Le lait file le
cancer du cul, fait pousse les nichons et les poils dans les oreilles, le lait provoque des ballonnements et fait péter au lit. Un peu comme sur les cartes de visite des Marabouts Boubou distribuées à la sortie du métro, arrête le lait, tu gagneras au LOTO et ta femme reviendra comme une chienne à tes pieds. Putain, dans quel monde vivons nous.
Si je respecte profondément les adeptes des produits dits biologiques, l’intégrisme alimentaire commence à me faire royalement chier. Si un produit est bien toléré ou sans danger pour un individu donné, pourquoi continuer à s’acharner en véhiculant de fausses vérités ou d’affreuses généralités dispensées la plupart du temps par des gourous de la macrobiotiques.
Mon tube digestif et mon BMI vont bien, merci.
Café latte powaaaaaa!