Le Point.fr - Publié le 18/04/2013 à 13:29
Christophe Deloire et Christophe Dubois révèlent les dessous des institutions européennes dans un documentaire qui sera diffusé le 30 avril sur France 5.
On peut ne pas être un farouche nationaliste et se montrer stupéfait devant l'enquête de Christophe Deloire et Christophe Dubois sur les coulisses de la mécanique européenne. À grand renfort d'images inédites, d'anecdotes et d'interviews, les deux journalistes nous dévoilent tout des institutions bruxelloises, là où se trouve, selon eux, "le vrai pouvoir." Pour ne pas dire le cimetière des nations. C'est Viviane Reding, vice-présidente du Conseil européen, qui le dit sans complexe ni précaution, sur le ton de l'oraison funèbre : "Les nations doivent obéir à Bruxelles (...) Les politiques intérieures n'existent plus." On se pince.
Dans ce documentaire diffusé prochainement sur France 5 (*), on découvre une scène tout bonnement surréaliste : Bruno Le Roux, le patron des députés socialistes, se fait rabrouer comme un vulgaire petit préfet par le très redouté commissaire européen à la Concurrence, Joaquín Almunia, lequel reproche à l'élu français de généraliser les problèmes de son pays à l'ensemble du continent...
"Le made in France n'existe plus"
Deloire et Dubois nous entraînent également dans la souricière du Conseil européen, dans les couloirs ternes de l'institution où travaillent, jour et nuit, des petites mains reliées à des cerveaux formés aux meilleurs écoles européennes. Nous rencontrons un analyste financier français, 32 ans, qui, depuis son minuscule bureau, a accès aux comptes du pays, aussi bien que Bercy, et livre à sa hiérarchie des rapports visant à nous sortir de l'ornière. L'ambition de ce jeune homme ? "Faire prendre conscience aux autorités françaises" de la nécessité de déréguler, de réformer profondément notre système social.
Président du Parlement européen, l'Allemand Martin Schultz a les mots les plus durs s'agissant des sommets européens, ce grand raout réunissant les chefs d'État des 27 : "On fait des formules (...) Oui, on cache nos désaccords avec des formules vides. Nos conclusions sont souvent artificielles." Le téléspectateur a ensuite droit à une virée au sein du collège des commissaires européens, sorte de conseil des ministres continental, où se décide l'avenir de nos économies et de nos sociétés.
L'occasion de faire la connaissance de l'austère et ultralibéral commissaire au Commerce, Karel de Gucht, qui nous apprend que "le made in France n'existe plus", que c'est une chimère et que "la marinière de Montebourg ne lui va pas". Interrogé sur la toute-puissance bruxelloise, le ministre du Redressement productif y va franchement : "On est sous surveillance, on craint la foudre jupitérienne..." Voilà un documentaire qui, à coup sûr, creusera encore un peu le fossé entre le peuple et ses élites - non élues - européennes.
(*) France 5, Le Monde en face, "Bruxelles, le vrai pouvoir", mardi 30 avril à 21 h 40