Cette phrase qui ornait les murs de ma ville il y a plus de 20 ans m'a toujours mise de bonne humeur...
La toute première fois que j'ai vu la Chine c'était en 1981 depuis une colline des Nouveaux Territoires de Hong Kong. Je ne connaissais rien de ce pays, les médias n'en parlaient pas au quotidien. C'était mystérieux, dangereux, interdit... magique. Je ne me lassais pas de le voir de si près, pourtant le paysage qui s'étendait au-delà de la frontière n'était en rien spectaculaire. Mais la frontière l'était, gardée à double tour et ce déploiement de gardes m'a fascinée. En fait, il devait s'agir d'un no man's land instauré par les autorités britanniques le long de la frontière destiné à arrêter les flux d'immigrants clandestins.
Quelque douze ans plus tard une brève incursion dans l'Empire du Milieu ne m'a pas rassurée. Pourtant, je connaissais des gens pas particulièrement héroïques qui s'y étaient rendus... et en étaient revenus. Même il y a six ans, alors que je n'envisageais pas du tout de venir y vivre, toutes ces forces de l'ordre qui surveillaient la Place Tian'anmen me faisaient un peu peur, il fallait bien se tenir, sinon... sinon quoi?
Maintenant, je sais que tous les gens en uniforme n'appartiennent pas aux forces de police, nombreux sont des employés de compagnies de sécurité privées et que je peux traverser en-dehors des clous sans risquer de perdre ma liberté. Je ne me lancerais toutefois pas dans des délits plus graves.
Alors quel n'a pas été notre étonnement lorsque hier soir en remontant la bien tranquille Wulumuqi Lu de voir tant de monde la surveiller, des policiers, des vrais, à moto, en voiture, et des gardes de la catégorie de ceux qui nous font traverser la rue. Pas de doute, quelque chose d'important allait se passer, il fallait rester, tant pis, nos estomacs devraient patienter. Nous ne savions pas ce que nous attendions, mais nous n'étions pas les seuls.
J'imagine qu'à Pékin des dignitaires du monde entier doivent défiler sans arrêt. Mais ici, à Shanghai, au sud de la Concession française, au pied de notre immeuble?
La caravane a passé, le trafic a repris et nous nous sommes éparpillés sans savoir qui nous avions vu défiler.
Ce n'est que ce matin en lisant le journal que j'ai appris que François Hollande avait passé en coup de vent, vendre des Airbus et du saucisson aux Chinois et congratuler des étudiants à l’université de Jiao Tong dans notre quartier en citant Deng Xiaoping, c'est de bon ton à Shanghai.