Ce qui est pénible, épuisant désormais c’est que depuis c’est que l’histoire de la gauche est celle de son renoncement idéologique. La faute de la gauche sociale démocrate, c’est d’avoir cru au marché et de continuer à y croire ainsi qu’à son autorégulation. Y croire encore, il faut l’avouer, confine à l’aveuglement. Dernièrement Michel Rocard disait qu’ « il faut changer unilatéralement le pacte qui existe entre les Etats et le monde de la finance ». Et d’assener ce coup du lapin : « la gauche est en train de gérer à la Merkel, elle va en crever ».
La gauche est acculée à une terrible réalité c’est-à-dire d’échapper à cette redoutable dichotomie entre promesses et retour des vieux démons qu’il lui faudrait pourtant chasser. La gauche de gouvernement enrichie de ses promesses sur la lutte contre la finance ennemie et ses premières mesures sur la fiscalité des riches a très vite retrouvé ses réflexes socio-libéraux en oubliant les promesses de changement. Très vite elle s’est enfermée dans un pacte budgétaire européen qui fait de la lutte contre les déficits l’unique priorité. Pacte qu’elle condamnait dans l’opposition et qu’elle n’a pas renégocié au pouvoir ! Aujourd’hui l’austérité étouffe la consommation, freine la croissance en faisant exploser le chômage dont les derniers chiffres sont alarmants. Par ailleurs le déficit se creuse. Piégée économiquement et politiquement la gauche de gouvernement est entrain de perdre également sur sa gauche un électorat populaire qui avait porté généreusement François Hollande à la Présidence en 2012… Tenter de récupérer à droite ou au centre un électorat pour compenser cette perte est illusoire tant ce marais et cette droite sont dans une dynamique violente de « reconquête ». Ce qu’il faudrait, ici en France mais aussi en Europe – tout étant lié - c’est de pouvoir réaliser cette inversion nécessaire de mettre la finance au service du pays. La tentative de séparer les banques de détail des banques d’affaires a échoué avec la capitulation en rase campagne face aux puissants lobbys qui infiltrent tous les étages de l’appareil d’état. Résultat accablant d’un pays qui tourne au ralenti et privé d’un outil bancaire permettant de relancer l’économie et de l’assainir. Il nous faudrait revenir au temps des convictions et des promesses de campagne où fleuraient bons un certain accent social !