Milo Manara l’avait rêvé dans Le Déclic (NSFW), l’invention est désormais bien réelle: selon le site io9, des chercheurs seraient parvenu à modifier le comportement de souris en stimulant leur zone du plaisir. Rien de nouveau, me direz-vous... ou presque: toute l’opération a été effectuée par contrôle télécommandé. Difficile à croire, mais les résultats de l’étude sont publiés dans Science, plutôt connue pour sa fiabilité.
Pour parvenir à contrôler le cerveau de la souris depuis leur pupitre, les chercheurs des universités de St. Louis (Missouri) et d’Urbana-Champaigne (Illinois) ont implanté des diodes microscopiques dans une zone précise du cerveau de la souris. Pour rendre compte de la complexité de la manipulation, il faut imaginer que la diode en question mesure 6,45 microns. C’est-à-dire environ la taille d’un neurone (ou un dixième de cheveu) Les souris-cobayes avaient été préalablement «modifiées» génétiquement pour que certaines parties de leur cerveau soient sensibles aux impulsions lumineuses.
Une fois le cerveau modifié et les diodes implantées (et la souris en parfaite santé), le cobaye est placé dans un labyrinthe, au bout duquel des trous sont présentés à l’animal. Lorsque celui-ci passe le museau dans un des trous en particulier, les chercheurs stimulent les diodes, qui stimulent à leur tour la création de dopamine (vous savez, la drogue de l’orgasme). Résultat: la souris, comme tout le monde, devient accro au plaisir et reste près du trou correspondant à la stimulation. Le tout sans aucune récompense «physique», comme c’est traditionnellement le cas lors des expériences.
Commençons maintenant à rêver à voix haute, les yeux mi-clos: grâce à ce dispositif précurseur, que la science appelle désormais l’optogénétique, il serait donc bientôt possible de nous procurer du plaisir sur demande via la «simple» implantation d’une puce? Ben oui. Normalement, dans ce genre d’articles, il y a toujours un paragraphe pour vous faire redescendre sur Terre, en vous expliquant que telle ou telle technique révolutionnaire ne pourra certainement jamais s’appliquer à l’être humain. Dans ce cas précis, rien ne l’en empêche.
Le mécanisme qui contrôle le plaisir est un secret éventé (vous imaginez les enjeux économiques?). Les moyens techniques nous permettent déjà de fourrer des puces dans notre boîte crânienne. Jusqu’ici tout va bien.
Les seules zones d’ombres qui subsistent concernent la modification du cerveau pour le rendre «opto-compatible» –on ne sait pas trop ce que les chercheurs ont fait aux souris– et les applications du procédé. Les chercheurs espèrent que cette invention servira à soulager le stress, la paralysie ou le diabète. Mais ce sont des scientifiques. Les gens comme vous et moi pensent tout de suite au plaisir sexuel, n’est-ce pas?
Le dernier problème qui se pose avec cette invention, c’est donc l’éthique. Seriez-vous prêts à vous faire modifier le cerveau et implanter une puce pour pouvoir vous infliger des doses de plaisir à la demande? Seriez-vous prêt à confier le mécanisme à quelqu’un? Que se passe-t-il lorsque l’on perd/casse/se fait voler l’interrupteur? Peut-on devenir accro ou faire une overdose de plaisir? Peut-on asservir un être humain en utilisant le plaisir? Peut-on acheter le dispositif en trois fois sans frais? A titre de comparaison, Claudia, l’héroïne érotique du «déclic», finissait par contrôler l’implant... après être passée à deux doigts du suicide. Et assumait, à la fin, sa nouvelle nymphomanie. Une leçon à méditer.