Mais avant la parution de cet album, il ne restait pratiquement plus rien de Benjamin Godard, hormis le volume 1 chez le même éditeur et une bluette tirée de son opéra le plus connu, qui fit le tour des salons parisiens et s’incrusta dans l’inconscient collectif sous le nom de « Berceuse de Jocelyne ». On trouve encore un buste de pierre à son effigie dans un petit square du 16ème arrondissement de Paris et une adresse facebook… Mais là, il n’est pas sûr qu’il s’agisse du même Benjamin Godard !
Je suis toujours impressionné de voir à quel point un artiste peut disparaître, lui et tout son œuvre, dans les ténèbres de l’oubli. Notez qu’avec internet aujourd’hui, on n’est pas sûr d’exister beaucoup plus qu’avant. Si vous vous appelez Ben, il y a 1 milliard et demi d’occurrences. Pour Benjamin, comptez près de 300 millions d’entrées, et si vous vous appelez Benjamin Godard, vous aurez encore à faire le tri parmi 2 millions d’homonymes. Le combat pour l’individuation est rude !
Il ne reste plus qu’à écouter la charmante « Berceuse de Jocelyne ». Si vous croyez reconnaître la mélodie, c’est la preuve que l’inconscient collectif, inventé en son temps par Carl Gustav Jung, existe réellement.
Paul Kristof
GODARD, Benjamin. Piano concerto no 2… [etc.] (Dutton Epoch, 2012) Disponibilité
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