Contrairement aux idées reçues, notre société moderne se caractérise par une grande mobilité sociale. Et, s'il existe des inégalités sociales, celles-ci résultent d'une méritocratie fluide et dynamique fondée sur l’intelligence. Analyses.
Par Cincinnatus.
Un article d'Emploi 2017.
Le débat sur les inégalités qui s’est instauré et exacerbé récemment laisse penser que nous vivons dans un monde d’une injustice
sociale criante. Cette recrudescence de dénonciation est portée par une mouvance intellectuelle que nous désignons par le terme de néo-égalitarisme. Il possède ses champions (tel que Stiglitz) et même en France son évangile : un ouvrage intitulé Pour une révolution fiscale, de Piketty, Landais et Saez. Il s’agit d’un petit opuscule rouge de propagande égalitariste tout aussi déprimant à lire que l’autre petit livre rouge, le fameux et fumeux appel à la révolution maoïste. Cette dernière y est d’ailleurs définie ainsi : "La révolution, c’est un soulèvement, un acte de violence par lequel une classe en renverse une autre."
Le concept de lutte des classes révolutionnaire affiche plusieurs dizaines de millions de morts au compteur, ce qui nécessite tout un travail de rafraîchissement lexical à ses thuriféraires pour rendre possible sa funeste résurrection. Le prolétariat (trop dépeuplé) laisse place à la multitude. L’indécente sous-rémunération de la valeur travail (trop décente) laisse place à l’obscène sur-rémunération de la valeur capital. Mais surtout : la classe (trop floue) devient plus prosaïquement le fractile de revenu, le décile ou de préférence le centile, plus clivant. La révolution, c’est un soulèvement, un acte de violence par lequel un décile en renverse un autre.
Attiser la haine de classe-fractile ne passe donc plus par le vomissement de la bourgeoisie, mais la dénonciation de statistiques. Un agenda devenu moins emphatique, moins glorieux, mais le Grand Timonier chinois avait prévenu dans son recueil que la lutte ne serait pas une sinécure : "Le régime socialiste nous a ouvert la voie vers la société idéale de demain, mais pour que celle-ci devienne une réalité, il nous faut travailler dur."
Hollande 2013 ? Non : Mao 1957. Le génie universel bienveillant de ce dernier avait détecté l’importance de l’analyse statistique pour l’éducation des masses (et l’utilité des rapports pour former les opinions, sport actuellement très à la mode en France) : "Aujourd’hui encore, beaucoup de nos camarades ne savent pas qu’ils doivent prêter attention à l’aspect quantitatif des choses — aux statistiques fondamentales, aux principaux pourcentages et aux limites quantitatives qui déterminent les qualités des choses (…)"
L’appel des néo-égalitaristes aux « principaux pourcentages » a résonné haut et fort et a été immédiatement adopté par des hommes politiques en plein désemparement idéologique depuis la chute piteuse du mur de Berlin : les fractiles du bas doivent se lancer à l’assaut (médiatique, législatif, fiscal) de ceux du haut.
Mais qu’est-ce qui a contraint un tel repackaging du discours socialiste historique ? La réponse est si simple : la faillite du concept de classe en raison de l’ampleur de… la mobilité sociale.
Du franchissement des barrières infranchissables
Pourfendeur assidu des inepties marxistes, Schumpeter n’avait pas manqué de noter que la doxa en question nécessitait des « barrières infranchissables » entre classes [1]. Marx ne laisse pas la moindre ambiguïté dans ce passage [2] :
La classe devient à son tour indépendante à l’égard des individus, de sorte que ces derniers trouvent leurs conditions de vie établies d’avance, reçoivent de leur classe, toute tracée, leur position dans la vie et du même coup leur développement personnel ; (…) ce phénomène ne peut être supprimé que si l’on supprime la propriété privée.
L’association suppression de classe-suppression de propriété privée est au cœur du dispositif idéologique et d’une complète actualité. La suppression de propriété privée prend aujourd’hui la forme de niveaux de taxation confiscatoires : Gérard Depardieu a ainsi clamé avoir subi un taux d’imposition de 85% sur ses revenus de 2011, un taux très proche du taux marginal maximum qu’avaient mis en place les régimes communistes totalitaires de l’U.R.S.S. ou de la R.D.A. (90%). Comparons cette dérive soviétique avec la protection qu’offre l’Allemagne à ses citoyens en interdisant constitutionnellement une taxation supérieure à 50%. Notre voisine manifeste ainsi l’exigence éthique du plus haut ordre que représente dorénavant pour elle le droit individuel à la conservation des fruits de son travail et la limitation constitutionnelle de l’emprise étatique. Pauvres Français épris de liberté, serfs désormais nés du mauvais côté du Rhin.
Le dogme d’étanchéité des classes constitue un argument si crucial à l’idéologie marxiste qu’un simple contremaître se voit avili au rang de « déserteur de classe » s’il exprime la moindre sympathie pour son patron, pour reprendre l’expression célèbre d’Engels. Jamais à court de paranoïa conspirationniste, le marxisme considère que tout exemple, forcément peu fréquent, de promotion d’un individu de classe modeste n’est que la manifestation d’un pillage de talent, un kidnapping par une classe dominante qui veut enlever ses leaders naturels au mouvement prolétaire. En sens inverse, la bourgeoisie se déchargera de ses rebuts/ratés sociaux par déchéance dans la classe prolétaire. La méritocratie ne saurait exister puisque, comme l’écrit sinistrement Marx : « La société ne se compose pas d’individus. » Le dénigrement de toute mobilité sociale, un des aspects intellectuels les plus originaux du marxisme pour Schumpeter, cautionne donc le recours à la seule issue, par là même légitimée : la guerre des classes et la violence.
Heureusement, le marxisme, en dépit de ses prétentions dérisoires de scientificité, n’est qu’une confection théorique enragée et pathétiquement détachée de la réalité : deux Français sur trois n’héritent pas de la classe de leurs pères.
De la très admirable mobilité sociale contemporaine
Mesurer la mobilité sociale avec rigueur n’est pas une simple affaire. Comme pour toute physique de flux, l’exercice se prête mal à la simplification, et encore moins à la réduction unidimensionnelle qui permet de manipuler l’imagination des masses avec des slogans populistes du type : « 1% des Français accapare X% des revenus ! ». La seule délimitation des classes pose un problème insoluble de stratification. Capturer statistiquement et avec fiabilité la mobilité, dans le temps et dans l’espace, sur les longues périodes idéalement requises, n’est devenu une possibilité que récemment. Il nous faut donc rétropédaler un peu après notre tonitruant et provocateur « 2/3 des Français n’héritent pas de la classe de leur pères » pour réintroduire le minimum de complexité et de perspective qu’exige l’étude du sujet.
Tout commence assez mal car deux disciplines académiques se disputent l’analyse quantitative de la mobilité sociale : l’économie qui tend à se concentrer sur les revenus et la sociologie qui parle plutôt de classes. Les différentes approches engendrent de multiples et subtiles différences de conclusions. Une opportunité de fertilisation croisée et de collaboration fructueuse ? Une souhaitable passerelle interdisciplinaire ? La compétition est si féroce entre universitaires que les passerelles en question ne sont le plus souvent que batailles de pont d’Arcole où les camps s’affrontent avec la dernière agressivité à grands coups de démonstrations, réfutations, démolitions, décrédibilisations, voire diffamations, ou pire (comme la très vicieuse oblitération des budgets de recherche)... La concurrence académique a ce défaut regrettable d’être en bonne part réputationnelle, ce qui ne favorise pas l’irénisme des débats. Nous nous concentrerons ici sur l’approche sociologique, plus proche des notions marxistes de classes.
Le second point à relever n’est guère plus encourageant. Le lecteur aura noté notre admiration et notre reconnaissance pour la contribution durable du marxisme au bien-être général. Elles n’ont d’égal que notre émerveillement de constater la survivance et la surreprésentation massive de ses héritiers et propagandistes dans les milieux académiques. Dans son Histoire de la Sociologie en Grande-Bretagne [3], A.H. Hasley indique ainsi que seulement 3% des sociologues de son pays votent conservateur. Neuf sociologues sur dix se réclament de la gauche modérée ou… dure. Un domaine complexe offrant une grande variabilité interprétative se retrouve donc entre les mains d’acteurs fortement et très asymétriquement politisés. Cette situation n’inspire pas une grande confiance dans l’objectivité des débats, loin de là.
C’est seulement après cette double mise en garde que nous pouvons introduire la pièce maîtresse de toute analyse : la table de mobilité sociale en France, telle que produite par l’I.N.S.E.E., organisme dont la neutralité idéologique est au-dessus de tout soupçon [4] :
L’I.N.S.E.E. ne prend en compte que les fils (nous y reviendrons car ce n’est pas neutre), que ceux âgés de 40 ans et plus (nous y reviendrons car ce n’est pas neutre) en utilisant une stratification à 6 classes (nous y reviendrons car ce n’est pas neutre).
Si l’on additionne les nombres en rouge, on obtient le pourcentage de Français qui se trouvent dans la même classe que leurs pères : 35%. D’où notre slogan : deux Français sur trois n’héritent pas de la classe de leurs pères. Ce n’est pas l’ascenseur social mais la reproduction sociale de Bourdieu qui est en panne.
2/3 de mobilité sociale ! Mais c’est énorme !
En fait, ce pourcentage est difficile à interpréter car une société parfaitement fluide n’aurait pas une mobilité de 100% en raison de la définition mathématique de cet indicateur. Si la classe de destination des fils est totalement aléatoire, un certain nombre d’entre eux finiront malgré tout dans la même classe que leurs pères. Les pourcentages qui traduisent une absence totale de causalité entre la classe du père et du fils sont donc en fait inférieurs à 100%. Ils sont fournis par une table dite « de mobilité parfaite » [5]. À partir du tableau ci-dessus, le calcul de la mobilité parfaite donne un résultat de 79%. La mobilité de 65% des fils français représente donc 65/79=82% de la perfection mobile, sans aucun déterminisme parental ! 82% ! Apoplexie du faussaire Karl Marx car, de fait, la société contemporaine française est remarquablement fluide.
De surcroît, cette fluidité est en fait sous-estimée par construction :
Elle ignore la mobilité sociale d’un individu au cours de sa carrière en ne relevant qu’un état des lieux à une date donnée. Pour limiter ce souci méthodologique, l’étude de l’I.N.S.E.E. ne prend en compte les adultes qu’à partir de 40 ans, date à laquelle on espère que la catégorie socio-professionnelle est plus ou moins stabilisée. Le seuil est largement arbitraire et le choix français minimise la mesure de mobilité : par exemple, nos amis canadiens le fixent à 25 ans pour leurs études nationales.
Les femmes sont ignorées par l’I.N.S.E.E. dans un papier typique comme celui de Stéphanie Dupays alors qu’elles méritent une analyse à part entière. Le Canada étudie ainsi la mobilité intergénérationnelle entre pères et filles en détail. On y découvre que les filles y affichent une mobilité bien supérieure aux fils : 87% contre 74% [6]. Se cantonner à la mobilité masculine minimise donc la perception de fluidité.
Un constat similaire au Royaume-Uni et les recherches récentes ont amené un sociologue britannique, Peter Saunders, à recenser 4 mythes de la mobilité sociale [7] :
- Le mythe que vos chances de réussite dans la vie sont fortement prédéterminées par la classe dans laquelle vous êtes nés.
- Le mythe que la mobilité sociale se dégrade par rapport au passé.
- Le mythe que les différences d’aptitude soit n’existent pas, soit n’expliquent pas les différences de réussite.
- Le mythe que le gouvernement améliore sensiblement la mobilité sociale par constructivisme éducatif ou par une politique de redistribution.
Ces conclusions l’ont conforté dans une conviction fort bien résumée par le titre de l’un de ses ouvrages précédents : Unequal But Fair (Inégal Mais Juste).
Nous ne reviendrons pas sur tous ces points dans le détail : la sociologie gauchiste n’en concède et n’en concèdera jamais aucun. En revanche, nous souhaitons attirer l’attention du lecteur sur une hypothèse étudiée quantitativement par Saunders de manière originale car c’est une ligne de recherche systématiquement censurée en France : le lien très fort entre mobilité sociale et intelligence.
Mobilité sociale et intelligence
Est-il nécessaire de rappeler à quel point la notion d’intelligence innée est l’objet d’une exécration hystérique en France ? Tous les enfants de la République ont le même potentiel intellectuel ex cathedra et seules des injustices sociales inadmissibles expliquent la confondante dispersion des résultats obtenus par une Éducation Nationale dévouée et admirable.
Saunders a pourtant l’outrecuidance de rappeler la preuve simple et imparable que l’intelligence est en bonne partie génétiquement héréditaire : il suffit d’étudier la corrélation de quotient intellectuel entre jumeaux au patrimoine génétique 100% identique (dits monozygotes), 50% identique (hétérozygotes) ou différent (enfant adopté). Citant les travaux de synthèse du psychologue Hans Eysenck [8], il rappelle à ceux qui ont le courage de regarder les faits en face les chiffres suivants :
Notre propos n’est pas de discuter les répercussions de tels résultats dans le détail, mais de poursuivre l’hypothèse d’héritabilité génétique partielle de l’intelligence, que ces chiffres appuient solidement, pour éclairer une dynamique cruciale de la mobilité sociale : l’aptitude cognitive.
Rappelons tout d’abord un truisme : les professions sont largement stratifiées par quotient intellectuel. Eysenck indique un Q.I. moyen de 128 pour un avocat américain, 122 pour un enseignant, 96 pour un chauffeur de camion, 91 pour un mineur, etc. Saunders décompose donc la société britannique en 3 classes (supérieure, moyenne, inférieure) [9] qu’il suppose ordonnées par Q.I. décroissant. Au regard de la distribution gaussienne des Q.I. dans la population en général, il en déduit le Q.I. de la classe supérieure des pères (14% des effectifs) : 116. Celui de la classe inférieure des pères (55% des effectifs) est de 102. Pour les fils, la classe supérieure (27% du total) a un Q.I. de 109, la classe inférieure (44% du total) 98 [10]. Saunders utilise maintenant un paramètre connu et non controversé des sociologues, la corrélation de 0,50 entre les Q.I. des parents et enfants [11] pour tester une hypothèse : le niveau de corrélation d’intelligence entre parents et enfants explique-t-il la mobilité sociale intergénérationnelle ?
Simuler une distribution aléatoire des Q.I. des enfants en maintenant seulement une corrélation de 0,50 avec les parents conserve ainsi une bonne partie des enfants de classe supérieure en classe supérieure (c’est-à-dire dans le top des Q.I. de la population). Cependant, malgré l’inertie introduite par la corrélation de 0,5, un certain nombre d’enfants sera déclassé par effet de retour à la moyenne. Le même processus aspirera des enfants de classe inférieure vers le haut, mais avec un biais de probabilité à rester en bas. Saunders obtient ainsi une simulation de mobilité sociale (ici définie comme migration de classe) qu’il peut comparer à la réalité mesurée par les sociologues :
Les hypothèses de simulation sont incroyablement simples et restrictives :
- les classes sont des classes de Q.I.
- le Q.I. est le seul facteur de mobilité sociale
- la corrélation intergénérationnelle de Q.I. est de 0,5
Saunders obtient pourtant une réplique remarquable de la mobilité réelle, qui « colle » spectaculairement à la réalité. En d’autres termes, le pouvoir explicatif de l’intelligence comme facteur déterminant de la mobilité sociale est une hypothèse massivement convaincante. Et comme les chiffres sur les jumeaux présentés ci-dessus lient indubitablement (mais partiellement, bien entendu) cette intelligence au patrimoine génétique des parents, on imagine mal comment vivre dans une société dont la mobilité sociale atteint 82% de la mobilité théorique parfaite – donc sans aucun effet d’hérédité, ce qui est impossible – pourrait justifier les dénonciations incessantes d’injustice sociale criante qui inondent les médias.
Allant dans le même sens, une autre étude citée par Saunders, effectuée par un sociologue estonien, Tarmo Strenze, en 2007 a regroupé les résultats de 49 analyses dans le monde pour déterminer le meilleur prédicteur de réussite dans la vie : l’intelligence y précède et la classe des parents et la qualification professionnelle comme facteur de succès.
Ces travaux confirment certes une inégalité sociale, mais ils posent la question de son injustice. Unequal but fair, suggère Saunders : la société contemporaine ressort essentiellement comme une méritocratie fluide et dynamique de l’intelligence, inégale au sens où une loterie génétique impacte fortement les destinées, mais juste au sens où les individus semblent grandement y circuler et s’y reclasser en fonction de leurs aptitudes relatives.
Exemple de lavage de cerveau français
Pour l’édification de nos lecteurs, voici comment le sujet de la mobilité sociale est traité dans les révisions du Bac proposées en ligne par le journal Le Monde. L’essai offert à la sagacité de l’étudiant de Terminale n’est pas formulé en termes particulièrement neutres : « Les inégalités économiques sont-elles le seul obstacle à la mobilité sociale ? »
Un œil entraîné, ou peut-être devrions-nous dire un candidat bachelier correctement conditionné, reconnaîtra instantanément l’appel du pied bourdieusien, ce que confirme amplement la lecture du corrigé. Capital culturel, capital social, reproduction sociale, hérédité sociale : tout le catéchisme y est religieusement récité. La conclusion insiste fortement sur la nécessité « d’attaquer les inégalités ». Parmi la documentation fournie pour assister (téléguider ?) la réflexion de l’étudiant, un graphique d’un livre français de sociologie liste cinq facteurs déterminant la position sociale du fils :
- la catégorie socio-professionnelle des parents
- le milieu familial
- les revenus du père
- le contexte socio-économique
- le diplôme du fils
Comparez cette liste « constructiviste » avec ce qu’écrit Daniel Nettle, psychologue britannique, dans un article publié en 2003 dans le British Journal of Psychology : "intelligence is the strongest single factor causing class mobility in contemporary societies that has been identified" (l’intelligence est le facteur isolé de mobilité sociale le plus important qui ait été identifié dans les sociétés contemporaines).
L’obscurantisme et le sectarisme intellectuel invisible qui sont à l’origine du processus de manipulation psychologique de nos enfants que nous illustrons et dénonçons ici sont à nos yeux une honte et une malédiction pour la France : il en résulte un pessimisme et une amertume chez notre jeunesse qui empoisonnent dès le départ de leur vie professionnelle les rapports de confiance cruciaux pour une vie adulte épanouissante. Nous ne pouvons que chaudement recommander la lecture de La fabrique de la défiance de Yann Algan, Pierre Cahuc et André Zylberberg [12] au lecteur qui souhaiterait prendre plus ample conscience à la fois de la gravité du négativisme ambiant, de son prix en termes de bonheur et de sa consternante spécificité française : un héritage marxiste devenu une exception culturelle nationale nuisible dont on ne peut que se lamenter.
Méritocratie, oui, médiocratie, non
Il n’y a aucune évidence que nos sociétés contemporaines ne soient pas principalement et très largement méritocratiques, au grand dam des anathèmes des Marx ou Bourdieu. Le misérabilisme larmoyant qui anime une grande partie de l’intelligentsia française interdit la reconnaissance d’une réalité dont tous devraient se féliciter et dont la prise de conscience participerait sans aucun doute à l’élévation du bien-être de nos concitoyens. Cette reconnaissance d’une société d’opportunité, aussi réelle qu’actuelle, semble bien préférable au choix de s’enferrer dans la perpétuation d’un discours inepte d’injustice criante et de haine de classe qui ne fera pas plus le bonheur de la France au XXIe siècle qu’il ne l’a fait de l’humanité au XXe : la méritocratie, oui, et elle est largement en place ; une médiocratie égalitariste et son concert de jérémiades incessantes, non merci. Une fois n’est pas coutume, suivons le conseil du petit livre rouge de Mao : "éliminons les conceptions erronées".
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Sur le web.
Notes :
- Dans Impérialisme et classes sociales. ↩
- Dans L’idéologie allemande. ↩
- Oxford University Press, 2004. ↩
- Sarcasme : nous tenons en fait l’I.N.S.E.E. pour partial, étatiste, constructiviste, égalitariste et gauchiste. ↩
- Pour nos lecteurs à la fibre mathématique, la mobilité parfaite de chaque case du tableau de mobilité présenté ci-dessus est obtenue en faisant le produit des sous-totaux de la rangée et de la colonne de la case concernée. ↩
- Statistique Canada, Enquête sociale générale 1986. ↩
- Dans Social Mobility Myths, Civitas, 2010. ↩
- Hans Eysenck, décédé en 1997, était l’un des psychologues contemporains les plus éminents de sa profession, n’étant dépassé en nombre de citations dans les revues professionnelles que par Freud et Piaget, selon une enquête de Review of General Psychology. ↩
- Le nombre de classes retenues pour l’analyse de la mobilité sociale a un impact mathématique très fort et pas toujours trivial sur les résultats obtenus, la probabilité de changer de classe augmentant avec le nombre de classes choisies. Les égalitaristes, dont l’auteur de l’étude sur laquelle Saunders s’appuie, ont une forte préférence pour une division en seulement 3 strates, qui minimise les migrations et augmente la compatibilité apparente avec la doctrine marxiste. ↩
- Le lecteur vérifiera que le Q.I. de la classe supérieure baisse parce qu’elle est plus nombreuse, alors que celui de la classe inférieure baisse parce qu’elle l’est moins. ↩
- Cette corrélation ne présuppose pas de causalité biologique plutôt que sociétale. ↩
- Chez Albin Michel, 2012. ↩