Pardonne-moi, ô mon Amour,
Si mes yeux pleins de toi ne te voient pas encore,
Si je m’éveille en ta splendeur,
Sans la comprendre, comme une fleur
S’éveille dans l’aurore ;
Pardonne-moi si mes yeux aujourd’hui
Ne te distinguent de la lumière,
S’ils ne séparent ton sourire
De leurs pleurs éblouis.
Pardonne-moi, si je l’écoute
Sans t’entendre, et ne sais pas
Si c’est toi, mon amour, qui parles,
Ou mon cœur qui gémit tout bas ;
Pardonne-moi, si tes paroles
Autour de mes oreilles volent,
Comme des chants dans les airs bleus,
Ou l’aile du vent dans mes cheveux.
Pardonne-moi, si je te touche
Dans le soleil, ou si ma bouche,
En souriant, sans le savoir,
T’atteint dans la fraîcheur du soir;
Pardonne-moi, si je crois être
Près de toi-même où tu n’es pas,
Si je te cherche, lorsque peut-être
C’est toi qui reposes dans mes bras.
Charles Van Lerberghe