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La vente des livres en librairies : Une réalité souvent difficile (suite)

Par Dedicaces @Dedicaces

Pour faire suite à l’article que nous avions publié sur notre blogue le 15 février dernier, intitulé « La vente des livres en librairies : Une réalité souvent difficile…« , voici un complément d’information qui pourra certainement intéresser la plupart des auteurs, ainsi que toutes les personnes qui travaillent de près ou de loin dans le milieu de l’édition. Ces informations sont extraites d’un article publié par Médiadix, Université Paris|Ouest :

La diffusion :

La vente des livres en librairies : Une réalité souvent difficile (suite)C’est l’ensemble des opérations qui ont pour but d’assurer la promotion des ouvrages auprès des divers détaillants, librairies, grossistes et centrales d’achat et d’obtenir des commandes : offices, notés, réassorts. Ceci correspond au travail des représentants. Or, pour qu’un éditeur assure lui-même ces opérations de distribution ou de diffusion, cela nécessite, pour des raisons de rentabilité évidente (par exemple, une structure de diffusion qui veut couvrir le territoire français représente une dizaine de personnes), soit un catalogue très important, soit au contraire, une dimension tout à fait artisanale.

Un éditeur petit ou moyen est donc contraint de déléguer ce travail et se retrouve dans une situation où il n’est pas complètement libre de choisir : c’est le distributeur et le diffuseur qui, en fonction des rythmes de parution, des chiffres et du volume des ventes de cet éditeur et de sa complémentarité avec les autres éditeurs de son catalogue, en définitive acceptent de le prendre en compte. Une caution est en général exigée alors par le distributeur et la rémunération du distributeur et du diffuseur consistera en un pourcentage sur les ventes (10 % en moyenne pour la distribution), souvent assorti de la condition d’un chiffre d’affaire minimum (et donc d’une rémunération minimum pour le distributeur et le diffuseur).

En revanche, sous-traiter la distribution, c’est se libérer de toute l’intendance commerciale, et être délivré des problèmes de recouvrement de créances et surtout avoir accès à un nombre importants de points de vente. Mais c’est également dépendre d’un autre organisme qu’il faut informer à l’avance de ses parutions alors qu’en France, les grands groupes de distribution-diffusion sont finalement des filiales d’éditeurs ou de groupes éditoriaux puissants (Hachette, Editis, Flammarion, Gallimard, Le Seuil-La Martinière) et voir ses publications un peu « noyées » dans la masse des catalogues et fonds distribués ou diffusés (concrètement le représentant ne peut parler par exemple de tous les livres à paraître, il insiste d’abord sur ceux qui ont le plus de chance de se vendre).

Il faut souligner que si l’activité d’édition elle-même ne nécessite pas forcément une mise de fond très lourde, il n’en est pas de même des activités de distribution ou de diffusion. L’ampleur des investissements nécessaires oblige à avoir un catalogue composé de nombreux produits, intéressant tous les types de librairies, articulant fonds et nouveautés, avec un rythme de publications couvrant toutes les périodes de l’année.

Autant dire que pour un nouvel éditeur, le choix est simple : soi il se contente d’une diffusion artisanale (l’éditeur fait lui-même le tour de quelques libraires et assure l’envoi de ses colis), soit il confie ces tâches à une structure dédiée. Mais diffuseurs et distributeurs choisissent les éditeurs qu’ils vont prendre dans leur activité (en fonction du rythme de ses parutions, de ses tirages, de son créneau d’édition, etc.) et les modalités de prise en compte sont élevées (caution, information sur ses parutions, taux de remise pour le diffuseur et le distributeur, etc.). Bref, la plupart des petits éditeurs n’intéressent guère les grandes structures. Ce qui, en retour, ne permet guère à ces éditeurs, d’atteindre les librairies et les acheteurs potentiels. Toutes les réunions de petits éditeurs insistent sur ce point : c’est l’absence de diffusion qui bloque leur développement.

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L’office :

La vente des livres en librairies : Une réalité souvent difficile (suite)L’office est un envoi régulier et automatique de nouveautés (ou de réimpressions) que font les distributeurs auprès des libraires. Cet office est régi par une grille d’office qui permet au libraire de faire connaître au distributeur, par quantité désirée, les collections et les catégories d’ouvrages pour lesquelles il souhaite recevoir cet envoi automatique. Cette grille est élaborée avec le représentant (diffuseur) par le libraire qui alors ne choisit que des catégories d’ouvrages (du genre « très grandes ventes, grandes ventes, premiers romans, collections de poche, beaux livres », etc.). Il ne sait pas alors quels titres s’inscriront dans ces catégories, le rythme de production des éditeurs (donc le nombre de titres qu’il recevra dans chaque catégorie), ni exactement quels sont les critères qui décideront de l’entrée de tel titre dans telle catégorie. Il doit donc choisir judicieusement dans la grille les catégories désirées et ne pas surestimer ses possibilités de vente d’ouvrages.

Cet office permet la promotion immédiate des nouveautés, en les offrant, dès parution, à la curiosité des lecteurs et il est donc intéressant pour les éditeurs auxquels il offre une vitrine inégalée, qu’ils n’obtiendraient jamais pour des livres que les libraires devraient acheter ferme (livres novateurs sur la forme comme sur le fonds, premiers romans…). Malheureusement les libraires se plaignent de recevoir de plus en plus de titres vu la croissance continue du nombre des ouvrages édités, dans des catégories gonflées par rapport aux ventes réelles de ces ouvrages et comme ils paient d’avance ces ouvrages, ils font une avance de trésorerie aux éditeurs, avec tous les risques que cela peut entraîner par rapport à leur propre gestion…

Ce problème des offices est au cœur des polémiques qui peuvent exister entre libraires et éditeurs. L’adéquation entre la « mise en place » des ouvrages et les chances raisonnables de vente est en effet déterminante : trop de titres envoyés, ou mis en vente dans des points de vente inadéquats, c’est s’exposer à de forts taux de retour. Ces taux de retour (25 % en moyenne, fin 2006, en augmentation constante) impliquent pour le libraire un travail fastidieux (identification des livres à retourner, manutention, désétiquetage, tâches administratives) et des frais supplémentaire, le libraire assumant les coûts de transports. Ils pénalisent également l’éditeur car ils sont dans une large mesure facturés par le distributeur à l’éditeur.

Ce système, idéal dans le principe, a en fait deux effets pervers :

  1. la part de l’office tend à s’accroître dans toutes les librairies, au détriment du fonds, ne serait-ce que parce que le nombre des ouvrages publiés est en augmentation constante ;
  2. pour compenser le coût de cet office et de cette avance de trésorerie, les libraires retournent de plus en plus tôt les ouvrages. Les délais de garde et de retour se sont dans les faits largement assouplis mais, du coup, les ouvrages disparaissent de plus en plus vite des rayons. La nouveauté chasse la nouveauté et les ouvrages dont les critiques ou la notoriété sont tardives ont déjà disparus des rayons lorsque enfin leurs effets pourraient se produire.

Nous vous invitons à compléter votre lecture sur le site de Médiadix, Université Paris|Ouest

Télécharger le livre numérique intitulé : « La diffusion et la distribution du livre en région ».


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