Des chercheurs ont découvert une structure en pierre géante immergée en mer de Galilée. Clairement construite par l’Homme, elle pourrait bien dater du troisième millénaire avant notre ère… Nurserie de poissons ou tour funéraire ? Retour sur cette mystérieuse découverte.
Des scientifiques ont découvert une structure de pierre géante sous les eaux de la mer de Galilée. Ce lac d’eau douce, aussi appelé lac de Tibériade, se situe au nord-est d’Israël. Il est principalement alimenté par leJourdain, qui s’y déverse au nord et continue son chemin par le sud. Habitées depuis des millénaires, les bordures du lac regorgent de vestiges historiques. Le monument a été trouvé à 500 m du site préhistorique Ohalo I et à 1,2 km du site Ohalo II, datant du dernier âge de glace, voilà près de 19.400 ans.
La construction, de forme conique, présente une base de 70 m de diamètre et mesure 10 m de haut. Les chercheurs estiment que le cône dans son ensemble pèse quelque 60.000 tonnes. La structure aurait été une sorte decairn géant, constitué de pierres ─ des basaltes ─ empilées les unes sur les autres. La forme et la composition de ce monument ne ressemblent à aucune structure naturelle déjà rencontrée. D’après l’équipe scientifique, dont les résultats sont publiés dans l’International Journal of Nautical Archaeology, ce monticule imposant a donc été construit par l’Homme.
La structure de pierre (monumental structure, point rouge sur la carte) a été découverte au nord du site préhistorique Ohalo I, dans le lac de Tibériade en Israël. © Yitzhak Paz et al., International Journal of Nautical Archaeology
Un monument construit voilà plus de 4.000 ans ?
Pour déterminer le rôle d’une telle structure, il faut d’abord comprendre comment elle a été construite. Le mégalithe est submergé, mais l’a-t-il toujours été ? Il se peut que le cairn ait été réalisé sous l’eau. Par ailleurs, ce type de monument rocheux attire les poissons. Le site pourrait alors être une sorte de zone de pisciculture, ou plutôt une nurserie de poissons. Des structures de ce type ont déjà été retrouvées en mer de Galilée. Elles étaient toutefois beaucoup plus petites, leur diamètre ne dépassant pas quatre mètres ! Les nurseries de poissons déjà mises au jour n’ont pas encore été datées.
Il est aussi possible que ce monument ait été construit à la surface, lorsque le niveau de l’eau du lac était plus bas. L’immersion a pu se produire soit à la suite de mouvements tectoniques, soit à cause de la montée des eaux. Dans ce contexte, établir la relation entre les communautés humaines ayant vécu autour du lac au fil de l’histoire et cette construction est essentiel, pour la dater et déterminer son rôle. D’après les chercheurs, la théorie la plus probable est que la structure soit un mégalithe du troisième millénaire avant J.-C.
Au cours de l’âge du bronze et de l’âge du fer, la zone où a été décelée la structure mégalithique était un site florissant. Toutefois, c’est seulement au troisième millénaire avant notre ère que de telles structures peuvent être mises en relation avec des groupes de populations humaines établis. Tel fut le cas d’un site mégalithique similaire, Khirbet Beteiha, retrouvé submergé à une trentaine de kilomètres : il comprend trois cercles de pierres concentriques, dont le plus grand affiche 56 m de diamètre. S’il s’agit là de l’hypothèse la plus probable, il faudra attendre l’excavation de la structure pour en être sûr.
La mer de Galilée, ou lac de Tibériade, vue par le satellite Spot. Ce lac d'eau douce naturel est alimenté par le Jourdain. Il a une superficie de 166 km2 et atteint une profondeur maximale de 49 m. © Cnes, cc by sa 3.0