L’idée de ce billet d’humeur m’est venue quand j’ai remarqué à plusieurs reprises les yeux de merlan frit des gens à qui j’ai dit que j’écoutais de la musique classique, autant que j’écoute du rock et du folk.
Mon radio-réveil est branché sur du classique, ; dans mes favoris entre Tumblr et Deezer j’ai un lien vers la chaîne classique à Montréal ; et puis chez moi à côté du dernier album de Keane, j’ai l’intégral des œuvres de Bach.
(source : thebeautifultimes.wordpress.com)
Ecouter de la musique classique fait toujours réagir. Et je me suis demandée pourquoi.
Car depuis que je suis petite, chez moi c’est France Inter, France Info et Radio Classique. Depuis toujours. Du coup, ça ne me choque pas. Sans doute est-ce aussi lié au fait que je fais de la musique classique depuis mes 5 ans, et que j’ai passé des centaines d’heures dans des Conservatoires, entre cours, répétitions, auditions et concerts. J’ai une formation classique, et donc l’oreille habituée. Mais je suis toujours triste de voir qu’une grande majorité de personnes de mon entourage n’a pas été éduquée au classique, et rate la base de tout.
Pourtant je n’ai pas la prétention de dire que je m’y connais et que je suis une pro. Loin de là ! Je n’ai pas l’oreille absolue, j’ai toujours été incapable de m’en sortie en dictée d’accords, je ne suis jamais rentrée dans le débat de Mozart vs Beethoven et je n’ai jamais compris pourquoi Sol M allait avec Mi m dans le tableau des tonalités que je devais apprendre au solfège . J’ai fait de la musique classique parce que mes parents m’y ont encouragée, et ensuite j’ai appris à aimer.
Le classique c’est somptueux. Malheureusement l’image que l’on en a se caractérise souvent par des concerts pompeux, un public de personnes âgées qui s’endorment sur leur siège, ou par le concert du premier de l’an avec ces danseurs débiles qui parcourent les salons en valsant. Cette image est en partie véridique, et c’est vrai que les concerts de musique classique ne sont pas ouverts à tous les publics. On a souvent tendance à assembler la musique classique à une élise péteuse. Pourtant, les grands orchestres tendent à se populariser avec des représentations hebdomadaires, en proposant des prix tout à fait abordables. Mais qui va sérieusement chercher les dates pour voir le concerto n°4 de truc ou les pièces de machin chouette ? On peut aussi mentionner des groupes à succès qui popularisent le classique à leur manière comme le Quatuor, ou les Voca People.
Non le classique c’est pas chiant, et la preuve en est que Radio Classique est une chaîne à succès, et que des peoples de tous les milieux viennent désormais faire les guests pour parler de leurs musiques préférées. C’est presque « in » de venir parler au côtés de Nelson Monfort ou de Claire Chazal. Certes c’est un petit monde à part, un peu prout-prout d’apparence, mais un milieu ouvert et accueillant.
C’est bien dommage de voir une discipline aussi stigmatisée par les clichés. Etre musicien c’est un vrai métier après une formation ultra exigeante sûrement pire sur Science Po tant les places sont rares et convoitées au CNSM. C’est un parcours semé d’embûches et un petit milieu ou tout le monde se connaît, s’apprécie et se déteste. Comme partout.
Pour ma part je suis une folle de classiques de classique. Le concerto pour violon de Tchaïkovsky (entendu dans le film Le Concert), la Sarabande d’Haendel, les Quatre Saisons de Vivaldi, le Lacrimosa de Mozart, la Symphonie du Nouveau Monde de Dvorak ou des pièces moins répandues comme les Romances pour hautbois et piano de Schumann, la Danzon 2 d’Arturo Marquez et les sonates et partita pour violon de Bach dont je raffole … Ce sont des musiques qui me foutent autant de frissons qu’un titre de Ben Howard ou de Kim Churchill. Il n’y a pas de paroles certes, mais mélodiquement certains atteignent facilement la perfection mélodique et ont souvent réussi à me faire pleurer (si si je vous jure).
Alors pourquoi le classique ne séduit-il pas autant que les One Direction ? Pourquoi est-ce que notre éducation musicale du collège nous fait-elle autant détester tous ces compositeurs qui donnent leurs noms à des salles, à des auditorium ou à des chats ? Pourquoi cette ignorance d’un tel répertoire ? Pourquoi tous ces préjugés qui résistent dans l’esprit de 90% de la population ? Et surtout pourquoi cette honte à confesser que Albinoni cotoïe OrelSan et les Beatles dans son mp3 ? Des mystères qui s’éternisent et ne trouvent toujours pas de réponse concrète dans nos sociétés actuelles à dominance électro commercial.
Je pourrais vous en parler encore sur plusieurs pages, mais je pense que c’est suffisant pour conclure ceci sans pudeur ni arrogance :
J’aime la musique classique autant le folk, et j’en suis fière.