Mon voisin d'avion est beau. Son nez surtout quand il enlève ses lunettes. Ses cheveux poivre et sel. Il est chef cuisinier. Il voyage à travers le monde pour partager ses recettes de cuisine italienne. Il est vénitien. Il revient du Liban, comme moi. L’objet de notre conversation : son bracelet du saint maronite, saint Charbel. Étiez-vous en pèlerinage ? Non … c’est une longue histoire. Et le voilà en flots de paroles. Une amie me l’a offert. Elle a été miraculeusement guérie après un pèlerinage à Saint Charbel. Était-elle libanaise ? Non, Italienne. Et votre vie a changé depuis que vous portez ce chapelet ? Oui. Mais je ne porte pas que lui… Il me montre un cordon de plusieurs nœuds à son poignet droit.
C’est un moine bouddhiste qui me l’a offert. Un moine de Hong Kong rencontré je ne sais plus dans quel pays. Et puis ? J’ai alors reçu une invitation pour aller à Hong Kong. Mais surtout… Il me brandit un ruban qu'il porte autour du cou. Et ceci. Je suis émerveillée. Tous ces talismans. J’ai été aussi guéri miraculeusement. Des médecins m’ont dit : Tu as le choix. J’ai choisi la vie. Je ne comprenais pas. Je demandais : Comment vous avez choisi ? Les médecins m’ont fait entrer dans un tunnel, et au bout, je me suis retrouvé face à mon choix : Qui avez-vous rencontré ? Un ange. Et cet ange m’a dit : Retourne à la vie. J'étais propulsée dans un univers dantesque. L'ange a poursuivi : Retourne à la vie mais à une condition. Tu œuvreras pour les enfants qui souffrent de leucémie. Et me voilà retourné dans notre monde. Nous voyagions lui et moi sur un nuage entre Beyrouth et Paris. Il devait prendre sa correspondance pour Venise. Moi, la mienne pour Montréal. Et depuis j’œuvre auprès d’une fondation pour les enfants leucémiques. Je ne cherche pas à être riche. Je leur ai donné la moitié de ma fortune. C’est vraiment un homme qui me ressemble. Aussi dématérialisé que moi mais ô combien plus philanthrope que moi. Je l’admire.