Alors que les médias dominants s’obstinent à se plier à la seule vision socio-économique possible, partagée par tous les bien-pensants du jour au sens critique atrophié par leur aveuglement idéologique, comme nous le confirme avec moult arguments l’excellent Vogelsong aujourd’hui, les riches sont de plus en plus riches, et les pauvres voient leur pouvoir d’achat baisser de jour en jour.
Bien qu’en France il n’y ait selon la version officielle hollandaise aucune austérité, mais de la rigueur, il est donc prouvé par l’INSEE ce que nous savions déjà à force de croisements d’études et de ressentis personnels : « en moyenne, sur la période 2008-2010, la moitié des ménages français ont vu leurs revenus continuer à croître, tandis que ceux de l’autre moitié ont baissé ».
La réponse politique face à cette injustice sociale grandissante se fait pourtant attendre. Surtout le jour où l’on nous annonce une augmentation préoccupante du nombre de chômeurs (5 millions si l’on compte ceux ayant une activité réduite) à un niveau inégalé depuis 1997. Et plus on tarde, plus les risques de violence sociale risquent d’être proportionnels à la violence symbolique (et pas que…) qu’ils subissent. Il n’y a qu’à voir cette carte des plans sociaux en France en 2013… Effarant. Dans ce sens, le refus hier d’un projet de loi du Front de gauche, pourtant travaillé par nos représentants depuis des mois, amendé régulièrement par les députés socialistes et PRG, pourtant adopté par le Sénat, à propos duquel on a assisté à un revirement plus que surprenant, est catastrophique. Car si les salariés ne peuvent plus voir leur revendications portées par des syndicalistes qui se font déjà de plus en plus rares sans que ceux-ci se voient reprocher juridiquement les effets secondaires de leur lutte, et se voient contraints par la force publique de livrer leurs empreintes génétiques comme le pire des délinquants sexuels ou mafieux, voilà qui n’encourage ni à l’expression de la vérité des travailleurs, ni à la représentation démocratique des tensions sociales particulièrement fortes qui nous parcourent actuellement. Et pour n’en pas tenir compte, le gouvernement risque fort de se voir confronté à l’une des pires crises du siècle. Et cette fois-ci elle ne sera pas économique, mais sociale. Car les moyens d’information actuels sont de nature à permettre à une plus grande masse d’individus qu’auparavant de comprendre et d’observer que, pour reprendre l’expression d’Agnès, la crise n’est pas une crise, mais un siphonnage. Et il se pourrait bien que les moutons soient un peu las non seulement qu’on leur broute la laine sur le dos, non seulement qu’on la vende au profit d’autres qui sont pourtant déjà suffisamment à l’abri du froid, mais que, de plus, ils se nourrissent de leur viande en faisant savoir haut et fort que ce sont ces mêmes moutons qui seraient responsables de leur mise à la diète par leur intempérance… Comme ces moutons grecs qui ne mangent qu’une herbe de plus en plus rare. Alors que leurs éleveurs (attention ! à prendre au figuré !) s’engraissent comme jamais. Messieurs Dames d’en haut, nantis de « gauche », de droite et du milieu, qui montrez tant de réticences à déclarer votre patrimoine comme partout ailleurs, faudrait peut-être songer à présent à arrêter de pousser Mémé dans les orties : elle pourrait bien lever la jambe. Et pas pour montrer ses belles gambettes…