1914. Suite à un enchaînement de situations difficiles, le père d'Albert décide de vendre son cheval Joey à l'armée pour mener la guerre en Europe. Joey va alors basculer dans chaque camp que ce soit anglais, allemand ou français...
La critique chevaleresque de Borat
Au départ, l'idée d'adapter le conte Cheval de guerre ne m'avait pas franchement convaincu. Je m'étais même demander ce que Steven Spielberg allait faire dans cette entreprise. En même temps, il faut dire que Tintin n'était pas sorti et les bandes-annonces ne m'avaient pas spécialement convaincu. Néanmoins, en les revoyant une paire de fois, j'y ai vu au moins quelques petites choses intéressantes. Au moins, il y avait de quoi aller le voir au cinéma. De plus, Spielby s'offre un très beau casting: Jeremy Irvine, Emily Watson, Peter Mullan, Tom Hiddleston, David Thewlis, Niels Arestrup, Eddie Marsan, Liam Cunningham et Benedict Cumberbatch. L'histoire au départ ne m'avait pas emballé. Cete histoire de garçon desespérant de retrouver son cheval m'avait semblé assez niaise.
A certains moments, il faut bien le dire, Spielby force trop sur le tire-larme. C'est le cas lorsqu'Arestrup raconte l'histoire des pigeons voyageurs à sa petite-fille et cette dernière finit par laisser une larmichette. Mais le réalisateur ne nous cantonne pas à ce genre de séquences et heureusement. Le but étant de faire passer un maximum d'émotions via le parcours de ce cheval malmené par le destin. Nous le suivons alors de sa naissance à sa vente perdant ainsi sa mère, puis son dressage par le jeune Albert et enfin son départ à la guerre. A partir de ce moment-là, notre canasson va vivre une expérience où ruisselle les morts par milliers dans le conflit de la Ière Guerre Mondiale. Que ce soit du côté anglais, allemand ou français. Une épreuve douloureuse où la bête ne pourra s'attacher à son nouveau maître.
Il partira d'Angleterre avec un général anglais, avant d'être repris par un infirmier allemand puis par une jeune fille et son grand père français, puis rebellote chez les Allemands. Ce sera sans oublier les expériences dramatiques où le cheval perdra son ami, affaibli par tant de combats. Le héros de ce film est définitivement ce cheval en titre du nom de Joey. Ses aventures desastreuses sont réellement passionantes, ce cheval ne cessant d'espérer retrouver son ancien maître. C'est d'ailleurs là qu'arrivent les deux séquences les plus impressionantes du métrage. Albert a entretemps été engagé dans la guerre avec un de ses amis, ce qui donnera une séquence sur le no man's land aussi meurtrière que sinistre. Une scène qui prouve que Spielby est actuellement le meilleur pour filmer la guerre. Elle rappelle inévitablement l'ouverture d'Il faut sauver le soldat Ryan en un peu moins violente.
Moins de sang est visible (le film est PG-13, Saving private Ryan Rated) mais le contenu reste cru. La suivante où Joey finit par se sauver se révèle tout aussi percutante dans la mesure où elle apparaît comme une course acharnée du cheval pour survivre. D'autant que Spielby donne lieu à un vrai tour de force en multipliant les très beaux plans? comme Joey traversant les explosions ou vaugant dans les tranchés. Que dire également de ce magnifique final sous couchet de soleil digne d'Indiana Jones et la dernière croisade? Alors que sur Tintin, John Williams avait déçu par le manque de virtuosité de sa partition (clairement je préfère la musique issue des bande-annonces) mais là, il revient en force. L'ensemble, bourré de cuivre, rappelle les grands moments du Soldat Ryan (décidemment) tout en gardant ses distances. Les acteurs s'avèrent particulièrement bons et en particuliers Mullan et Watson en parents desespérés et Arestrup poignant en grand-père.
Un film de guerre magnifique où le Spielby revient au front comme jamais.
Note: 17/20