C’est parce que la Laïcité est un bien commun, l’un des principes fondateurs de la République que Patrick Kessel, actuel président du Comité Laïcité République a choisi l’exclamation pour un vibrant plaidoyer en défense de la Laïcité. Ils ont volé la Laïcité !, (éditions Gawsewitch, 2012) est la réaction rageuse mais néanmoins argumentée d’un défenseur de la Laïcité aux prises avec les discours arrogants des droites, d’abord celle qui est extrême et dont il souligne le caractère historiquement antirépublicain et antilaïque et à la droite dite parlementaire qui fait les yeux de Chimène à sa cousine. Leur projet commun : à la trappe les valeurs républicaines !
La porosité entre les deux courants de la droite se repère à l’œil nu à chaque événement lié à la question du mariage pour tous. Le mariage pour tous constitue une liberté nouvelle, élargissant l’égalité entre tous. L’avancée sociétale aurait pu être l’occasion de remettre la question de la Laïcité au centre du débat national. Pour exister et se développer, les courants extrêmes de la droite ont besoin d‘une société communautarisée. Kessel parle d’une société en voie de fragmentation où l’individu est de plus en plus assigné à un groupe d’appartenance au nom duquel des droits particuliers sont revendiqués alors que la République, dans le respect des différences, assure à tous le droit commun et l’égalité des citoyens. L’alliance des droites s’oppose à l’égalité des droits pour tous. C’est l’occasion pour l’auteur de rappeler que la Laïcité est au principe même de la citoyenneté. Ses orientations ne sont pas fondées sur l’intolérance, ne portent pas une démarche antireligieuse, et considèrent à égalité chaque courant religieux et spirituel La vie citoyenne dans son ensemble est concernée par la Laïcité.
C’est aussi sans indulgence que Kessel, en cela son ouvrage procède d’une démarche laïque, pointe les renoncements ou les arrangements passés ou présents de la gauche vis-à-vis dela Laïcité.L’auteur cite Elisabeth Badinter pour qui une grande partie du PS est, à mots couverts, différentialiste voire communautariste. Les faits observés ça et là vont dans ce sens. Là, c’est un conseil général qui finance le Centre de documentation d’un collège privé, ici une collectivité tolère ce qu’une autre n’autorise pas. Cela dans un contexte d’ignorance des règles laïques chez nombre d’élus. L’auteur souligne, à juste titre, combien une religion se perçoit comme une religion d’Etat et combien les cultes, arrivés récemment sur le territoire peinent à accéder aux mêmes droits.
Les travaux de l’Observatoire de la laïcité (où siège l’auteur) installé le lundi 8 avril par le président de la République, sont attendus par ceux qui sont attachés aux principes républicains. Ils ont volé la Laïcité ! concerne celles et ceux pour qui la citoyenneté résulte de la puissance des Lumières. On ne tamise pas les Lumières !