Cela fait deux ou trois ans, je ne sais plus exactement, que je sais que Léo Tamaki faisait des interviews approfondies des grands maîtres qu'il affectionne particulièrement comme Yoshinori Kono, Akira Hino, etc. A l'occasion je lui demandais si cela prenait tournure, mais à part quelques commentaires laconiques et le fait que c'était un travail de titan, je n'en savais pas plus. Imaginez : des années de préparation, des rendez-vous au Japon, des séances photos interminables avec des senseïs qui n'aiment pas trop se mettre en image, retranscrire et traduire de longues conversations, étudier des milliers de clichés, mettre tout cela en page... Monter un livre avec de belles images est toujours un travail de fou, au sens littéral du terme. Je suis au courant de deux autres projets de grande qualité à propos du monde des arts martiaux, un vers Lille et l'autre sur Bruxelles, qui mature eux aussi depuis des années. Je vous en informerait également lorsqu'ils seront mûrs à point. Dire qu'il faut du temps et de la ténacité pour les auteurs d'un livre, n'est pas une image mais une réalité. Léo Tamaki est un dangereux workholic, qui a préparé ce livre avec son ami photographe, tout en continuant de donner des cours, des stages partout, d'aller au Japon se former, d'organiser la NAMT, le Paris Aïki Taïkaï... c'est à se demander s'il dort. Mais la passion à des exigences que rien n'arrête, pas même les fâcheux et les aléas de la vie.
Budoka no kokoro peut se traduire par "Au coeur des budoka", mais aussi "Le coeur des budoka". Cette double traduction montre que l'on est ici à la fois dans l'environnement des maîtres du budo, mais également dans leur intimité. Les images sont parlantes à cet égard. Le plus frappant sont notamment ces photos où ils montrent leurs mains et leur torse, se mettant vraiment à nu face à l'objectif. Cette démarche du sensible est un fait unique à ma connaissance, à l'exception des senseï montrant leurs abdominaux dans certains magazines pour impressionner le bon peuple. Ici point d'abdos, mais des corps forgés par la pratique martiale pendant des décennies.
A ma grande surprise, aucune maison d'édition n'a voulu de ce projet. Tant pis pour eux, car le livre va devenir de facto un collector qui va s'arracher plus tard à prix d'or sur Amazon et consorts. Pour l'acquérir, les auteurs demandent à toutes les personnes intéressées de verser une somme sur la plateforme de financement de projet Kiss Kiss Bank Bank. Ainsi, vous les aidez à collecter la somme nécessaire pour lancer la publication, et vous vous réservez au moins un exemplaire, sinon plus. Cette méthode n'est pas unique en son genre, et je me souviens d'avoir aidé de temps à autre le grand spécialiste des sabres japonaise, Serge Degore qui réalise des ouvrages très pointus sur ce sujet. Le plus épatant, c'est que ça marche, et un beau jour vous recevez votre exemplaire. Sans l'aide de tous et de chacun d'entre nous, nous ne verrons pas les trésors cachés dans les tiroirs, trésors que les éditeurs refusent pour des raisons financières et commerciales.
Je vous invite à lire les détails du projet BNK sur le site de Léo Tamaki.
Si vous souhaitez passer directement à la page de contribution, allez sur KKBB.
Toutes les photos sont (C) Frédérick Carnet. Merci de les respecter.