Dans le cadre de la série diffusée sur Public Sénat « Les
dessous de la mondialisation », le 7e épisode nous entraîne au
Malawi, où les enfants travaillent et meurent au nom du dieu tabac. Un volet
édifiant qui arrive juste après le documentaire de Paul Moreira sur l’industrie
du tabac le 17 avril dernier… En France, on le sait, chaque année, environ 70
000 personnes meurent du tabac. Mais les ravages de l’industrie démarrent dès
sa culture au Malawi. Dans ce pays, l’un des pays les plus pauvres au monde,
environ 80.000 enfants sont mis à contribution pour alimenter la production et
rester compétitif sur le marché international. Sans aucune protection, pour
des salaires dérisoires, ils travaillent au péril de leur éducation et de
leur santé. Vomissements, maux de tête, nausées et certainement cancers, la «
maladie du tabac vert », guette. Elle serait liée à l’inhalation de particule
de tabac ou à l’abortion de nicotine par la peau, parfois l’équivalent de 50
cigarettes par jour. Dans les exploitations, personne ne semble au courant. Personne
ne consulte. Personne ne travaille sur cette question. L’économie du Malawi dépend
à 60 % de ces précieuses feuilles vertes. Le pays est sous la coupe des
industriels du tabac, comme British American Tobacco (Lucky Strike, Pal Mal,
Gauloises, ...) ou Philip Morris International (Malboro, L&M, Philip
Morris...) qui font pression sur le gouvernement et les paysans pour maintenir
des prix dérisoires. Le burley malawite est parmi le moins cher au monde. En
2012, un kilo de tabac valait 1,23 dollar alors que chez son voisin le
Zimbabwe, il se vendait à 3,64 dollars. A son arrivée au pouvoir en 2012,
Joyce Banda, avait pourtant fait de la lutte contre le travail des enfants une
priorité. Sur le terrain rien ne bouge. Les industriels du tabac se sont
engagés à respecter leur charte éthique et à ne plus acheter de tabac
travaillé par des enfants. La réalité se résume au financement de quelques
programmes de green washing.Des alternatives à la production du tabac et au
travail des enfants se développent petit à petit, notamment dans l’agriculture
équitable. Canne à sucre, thé, cacahuète et café ont rapporté l’année
dernière plus de 25 millions d’euros au pays... Un sujet réalisé
par Chloé Henry-Biadaud à ne pas manquer, sur
Public Sénat, le Jeudi 2 mai à 18h et le lendemain à 13h30 et 17h15.