La fin d’un monde :
c’est là où Luis Sepúlveda et Daniel Mordzinski se sont rendus en 1996, sans
autre but que d’aller vers le sud, en direction du Cap Horn, c’est-à-dire la
fin des terres. Ils ont fait des rencontres étonnantes, avec des personnes qui
étaient les dernières à vivre comme elles le faisaient et qui témoignaient d’un
monde en voie de disparition.
Dernières nouvelles du Sud est donc un « inventaire
des pertes », le récit par le texte et la photographie de ce qui,
aujourd’hui déjà, n’est plus là – et qu’il était donc temps de saisir. Entre le
moment où les deux amis ont effectué le voyage et celui où le livre est devenu
ceci, « le temps, la violence des
bouleversements économiques et la voracité des vainqueurs en ont fait un
recueil de nouvelles posthumes ».
Les histoires et les
images cueillies au bord du chemin sont formidables. On n’oubliera pas l’homme
qui marche sur la route, à la recherche d’un violon – en fait, du bois dont il
fera un violon, car il est luthier. Ni l’arrière-arrière-petit-fils de Davy
Crockett. Ni le Patagonia Express, train réservé à quelques-uns, comme de
grands territoires annexés par la richesse des hommes. On n’oubliera pas non
plus qu’en Patagonie, « l’histoire
est un genre narratif qui ne prend pas la peine de respecter la rigueur
chronologique ou l’objectivité. »
Mais quel besoin d’objectivité ? Tout est
vrai, puisque c’est là.
Cette parution, aujourd'hui, coïncide avec le lancement d'une nouvelle collection, "Points Aventure". Les trois autres titres publiés simultanément sont Avant la dernière ligne droite, de Patrice Franceschi, L'aventure pour quoi faire?, d'un collectif d'auteurs, et Boréal, de Paul-Emile Victor.
Voilà qui sent la proximité du Festival Etonnants Voyageurs à Saint-Malo, le mois prochain...