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L'autre recette

Publié le 25 avril 2013 par Toulouseweb
L’autre recetteDes barres chocolatées plutôt que des avions
On ne le dira jamais assez : le transport aérien ne se compare ŕ aucun autre secteur, non pas en raison de sa remarquable ascension mais parce qu’il se révčle incapable de dégager une rentabilité correcte, voire minimale. Les compagnies aériennes alignent avec une belle constance de bonnes raisons de se lamenter sur leur triste sort, leur leitmotiv favori tournant autour des conséquences dommageables du prix élevé du pétrole. Leur logique, semble-t-il, n’a pas varié …depuis le premier choc pétrolier de 1973, alors qu’une génération entičre de financiers a cédé la place, depuis lors, ŕ la jeune génération. De męme, les récriminations sur les taxes et redevances de tous ordres font dire et répéter ŕ l’infini que l’aviation commerciale est pressurée comme une vache ŕ lait. Ce qui n’est évidemment pas faux. Mais ŕ aucun moment il n’est sérieusement question de mettre les tarifs en conformité avec les Ťvraisť prix de revient.
Ces jours-ci, c’est-ŕ-dire ŕ un moment oů la situation financičre tend ŕ s’éclaircir, l’IATA prévoit que l’année 2013 sera clôturée par un bénéfice de 10,6 milliards de dollars, pour un chiffre d’affaires de 671 milliards, La calculette ŕ la main, les économistes du groupement professionnel n’ont eu besoin que de quelques secondes pour en déduire que la rentabilité de la profession correspondra, en ces jours meilleurs, ŕ 1,6% des recettes. Tout est dit !
Tony Tyler, directeur général de l’IATA, plus doué que ses prédécesseurs pour l’humour noir, montre ŕ cette occasion qu’il a le sens de la formule : en face du transport aérien, il n’hésite pas ŕ placer …le groupe Nestlé. Lequel, remarque-t-il, gagne davantage d’argent avec un chiffre d’affaires d’ŕ peine 100 milliards. La conclusion saute aux yeux et elle est tout ŕ la fois amčre et brutale : mieux vaut commercialiser des barres chocolatées (l’une d’elle s’appelle Nestlé Aéro !), l’eau minérale Perrier, les smarties et autres Crunch, Nescafé et Kitekat que ce produit compliqué et hautement périssable que constitue le sičge/kilomčtre. Il y a lŕ matičre ŕ réflexion, d’autant que le constat est formulé au moment oů l’IATA affirme que le transport aérien a récemment passé un cap difficile, qu’il commence ŕ aller mieux depuis le troisičme trimestre de l’année derničre.
Nous ignorons, bien entendu, si la haute direction de Nestlé a une idée sur la question. Mais on l’imagine volontiers trčs heureuse de ne pas s’ętre fourvoyée lŕ oů, curieusement, banquiers et investisseurs se montrent remarquablement persévérants alors que toutes les données financičres sont tout simplement hostiles ŕ l’aviation.
Face ŕ ce désastre, comment les grilles tarifaires évoluent-elles ? Un rapide coup d’œil aux statistiques les plus récentes d’ID Aéro apporte la réponse. A savoir que l’année 2013 est suffisamment engagée pour que l’on sache dčs ŕ présent que la recette unitaire moyenne augmentera trčs exactement de 0,4%. Aucun doute n’est donc permis, la situation est bel et bien figée.
Bien entendu, le transport aérien est indispensable ŕ la bonne marche de la plančte Terre, davantage que ne le sont les productions de Nestlé. Bien sűr, dans toutes les langues du monde, cela s’appelle aussi comparer des pommes et des poires. Mais Tony Tyler lui-męme n’a pas résisté ŕ la tentation de révéler au monde entier sa grande admiration pour les barres chocolatées. C’est un acte courageux qui l’honore.
Pierre Sparaco-AeroMorning

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