Iron Man 3 (2013) de Shane Black

Publié le 25 avril 2013 par Flow

Iron Man 3. (réalisé par Shane Black)

Crise de la quarantaine.

Quelle surprise! En relisant ma critique du précédent opus, que je croyais dominée par une vindicte non contenue à l'encontre des producteurs, je me suis rendu compte que je m'étais, en fait, montré doux comme un agneau avec un film pourtant mauvais. Je ne referais pas cette erreur.

Tony Stark, l’industriel flamboyant qui est aussi Iron Man, est confronté cette fois à un ennemi qui va attaquer sur tous les fronts. Lorsque son univers personnel est détruit, Stark se lance dans une quête acharnée pour retrouver les coupables. Plus que jamais, son courage va être mis à l’épreuve, à chaque instant. Dos au mur, il ne peut plus compter que sur ses inventions, son ingéniosité, et son instinct pour protéger ses proches. Alors qu’il se jette dans la bataille, Stark va enfin découvrir la réponse à la question qui le hante secrètement depuis si longtemps : est-ce l’homme qui fait le costume ou bien le costume qui fait l’homme ?

J'ai lu bon nombre de critiques avant de me lancer dans la rédaction de la mienne. S'ils ont pour la plupart aimé le spectacle, l'argument dominant chez mes collègues est le suivant: Shane Black a remis la saga de l'homme de fer sur les rails. Soyons honnêtes, il n'en est rien. Il est impossible de différencier la mise en scène de John Favreau de la sienne, tant ce qui les domine est l'impersonnalité. Il faut se rendre à l'évidence, il est impossible qu'un auteur puisse imposer sa vision à un film estampillé Marvel comme Nolan a pu le faire avec ses Dark Knight. Tout ce qui compte dans cette immense machine à fric est le plan global. Les velléités artistiques de tel ou tel auteur ne peuvent s'immiscer dans les rouages bien huilés d'une entreprise qui a déjà montré toute l'étendue de son efficacité financière. Certes, on retrouvait beaucoup de Joss Whedon dans Avengers mais c'est plus l'exception qui vient confirmait la règle qu'autre chose.

Je ne balance pas ça sans éléments car la soirée à laquelle j'ai assisté consistait à revoir Iron Man et Avengers avant le petit nouveau. J'ai donc pu les comparer sur le vif. D'ailleurs, reparlons un peu du premier film avant d'attaquer le cœur du problème. Je ne l'avais vu qu'une seule fois, à sa sortie, et j'en gardais un piètre souvenir. Pourtant, il avait de très bons arguments, comme cette façon subtile de tendre un miroir à l'Amérique pour lui montrer que le temps de l'hyper-puissance naïve était bel et bien terminée. Un film utile, car témoin d'une époque et faussement facile d'accès.

Iron Man 3 n'est rien de cela. C'est un divertissement sympathique, qui se suit sans déplaisir et Robert Downey Jr est toujours aussi excellent mais c'est tout. Cela suffit largement me diront certains et je pourrais être d'accord s'il n'était pas également une grosse déception. Marvel et les trailers alléchants promettaient autre chose. On devait passer à la grande et mystérieuse Phase II avec ce film. Les nouvelles aventures de nos héros devaient se montrer moins enfantines, plus adultes et plus sombres. Bien évidemment, on ne voulait pas des trucs à la Dark Knight ou Watchmen, c'eut été sans intérêt en plus d'être peu adapté aux personnages mais on s'attendait à de l'évolution, pas à de la régression (le résultat faisant penser aux films de super-héros des décennies passées).

Alors, oui, Tony Stark est tourmenté mais comment y croire quand on nous le rabâche trente fois en plus de deux heures comme pour se convaincre que le public pourrait gober cette crise identitaire qui sonne faux. Les évènements de New-York le poursuivent comme un trauma l'empêchant d'aller de l'avant. L'idée n'est pas mauvaise en soi mais le priver de son armure (les ¾ du film) et le forcer à faire une escale dans le Tennessee, affublé d'un gamin en guise de guide spirituel quand Bruce Wayne se retrouve dans une prison horrible à l'autre bout du monde ça fait sacrément tache.

Le film se force à être sombre et le ton que nous vendait les trailers n'existe pas. De ce jeu de dupes, c'est le spectateur qui en sort perdant car l'impression de s'être fait méchamment entubé domine. C'est ce que j'ai ressenti et ça m'a gâché un spectacle tout de même appréciable pour ce qu'il est: un divertissement (le combat avec les armures multiples est juste excellent et les punchlines de Downey Jr font toujours mouche).

Que retenir de Iron Man 3 ? Du grand spectacle de qualité porté par un personnage fort, incarné par un acteur talentueux qui éclipse (hélas ?) le reste du casting. Un esprit bon enfant gâché (en partie) par le manque d'audace d'un scénario assez indigent et par un twist qui restera dans les annales comme la plus grosse escroquerie de 2013 (les fans vont grincer des dents). Il serait peut-être de bon ton de garder le personnage sous le coude pour les seuls Avengers (comme c'est le cas pour Hulk).

En jugeant le résultat à l'échelle du grand projet de Marvel, la Phase II qui commence ne donne pas forcément envie d'en voir plus (surtout quand on sait que le suivant est Thor 2). L'attente va être longue jusqu'en 2015...

Note: