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Tourisme et vie animale en Thaïlande

Publié le 25 avril 2013 par Hachisun

En voyage dans un pays comme la Thaïlande, on peut facilement être tenté par les solutions de facilité pour accéder à la faune riche et « exotique » du pays. C’est un filon qui a été bien compris par certains, et les touristes affluent sans réfléchir. En effet, qui n’a jamais rêvé de se balader à dos d’éléphants, de câliner un gibbon ou un tigre?
Mais malheureusement, c’est souvent au détriment de l’animal et de ses conditions de vie.

Petit tour du pays…

Les « temples » aux tigres.

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Copyright Sarah Baker

Le plus connus est le Temple des tigres dans la province de Kanchanaburi. Ce temple attire des milliers de visiteurs chaque année, avec ses tigres « marchant » (plutôt dormant) au milieu des humains, à peine retenu par la laisse (la chaine) que leur mettent les moines.
Ce temple est très sujet à controverse. Les tigres sont-ils drogués ou simplement dans leur état normal? Beaucoup de témoignages viennent parler de tigres tenant à peine sur leurs pattes… Tout cela pour une photographie hors de prix.
Rien n’est sûr au sujet de ce temple, et c’est peut-être là le problème. Peut-on s’y rendre « pour voir » et finir par financer une organisation qui maltraite les animaux?

Il existe un second lieu très connu, dans le Nord du pays : Maerim Tiger Kingdom. Cette fois-ci, les tigres ne sont pas au milieu des humains. Ils sont en cage. Là encore, le doute subsiste sur les animaux drogués ou non… Et c’est un zoo. Le zoo me pose personnellement un cas de conscience : des animaux en cage, ça a le don de me briser le coeur. Mais il s’agit là d’une appréciation personnelle encore une fois, et tant qu’il n’y a pas maltraitance, peut-être vaut-il mieux un zoo… Mais encore une fois, gros flou sur la question des animaux drogués ou non.

Je rappelle que les tigres sont une espèce en voie de disparition, et qu’en Thaïlande, il en existe encore certain dans la nature. Ne vaut-il pas mieux au final, comptez sur la chance et la patience lors d’un safari-photo nocturne? Certe, c’est très aléatoire, mais n’est-il pas plus gratifiant de voir le fauve dans son milieu naturel?

Les centres aux éléphants.

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Teng-mô, bébé éléphante sauvage, arrachée à sa mère avant sevrage…

J’ai, il y a quelques mois de cela, fais un article sur le Thai Elephant Conservation Center. J’en ai dis beaucoup de bien et maintiens ma position. Cependant, il existe une centaine de « centres » à travers le pays, et tous ne sont pas aussi conscients de l’enjeu et ne pensent qu’à attirer le touriste.
Si dans le Nord, vous trouverez plus facilement des centres et parcs soucieux du bien-être animal (je compte tester MaeSa et the Elephant Nature Foundation, si certains connaissent déjà, je veux bien les retours…), dans le Sud, il est clairement plus compliqué de parler de « préservation » de l’éléphant : effectuant balades sur balades avec des touristes sur le dos toute la journée, l’éléphant n’est mis au repos que la nuit.

Il faut savoir que la législation concernant les éléphants est normalement assez stricte : ils ont chacun leur carte d’identité, attestant de leur provenance, age etc… Seulement, la fraude est très présente. Certains centre n’hésitent pas à kidnapper des éléphants sauvages au mépris le plus total de leur besoins, et a leur attribuer par exemple la carte d’identité d’un éléphant décédé.
J’avais pu voir au TECC une jeune éléphante que le centre avait récupéré dans le sud en faisant fermer un autre lieu dans l’illégalité. Cette éléphante de 2 ans n’était pas sûre d’arriver à l’âge adulte, car prise à sa mère dans la nature avant son sevrage, elle n’avait pas reçu l’alimentation nécessaire pour avoir des os solides. Ses jambes sont donc trop fragiles, et en grandissant, son poids ne pourra plus être soutenu.

Il est donc primordial de bien vous renseigner sur les lieux où vous allez, et d’éviter les simples balades à dos d’éléphants…

Si encore une fois, la vie sauvage vous intéresse plus que la vie en captivité, n’hésitez pas à vous rendre à Khao Yai, la chance mettra peut-être sur votre route un éléphant sauvage (j’ai eu cette chance et ça vaut le détour).

Les gibbons à photos…

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Un gibbon à l’état sauvage

Un autre phénomène très courant, en particulier sur les plages du Sud, c’est le photographe trainant partout un petit gibbon, et proposant aux touristes de poser avec lui. Un gibbon, c’est une petite créature tellement adorable que la plupart des gens réagissent par un « Awwww » et se laisse prendre en photo avec.

Un gibbon, c’est aussi un animal en voie de disparition. Un animal sauvage, qui n’a rien à faire dans les bras des touristes. Ils sont souvent apeurés, maltraités.
Si l’on souhaite être un touriste responsable, ça commence par refuser de donner des sous à ce photographe, sous qui ne serviront que très peu à l’animal. Même si on fond de l’intérieur devant tant de « mignonneté » et qu’on a envie de réconforter le petit animal, en réalité, il aura juste peur de vous comme des autres…

Encore une fois, le parc de Khao Yai vous permet de les voir à l’état sauvage… (tous les détails dans un prochain article).

Les animaux domestiques ne sont pas en reste….

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Chient errant dans Ayutthaya

J’ai souvent entendu et dis que le bien-être animal était une préoccupation de pays riche. C’est vrai. Lorsqu’on doit survivre, on pense d’abord à soi, les animaux sont secondaires. Cela s’applique aussi à la Thaïlande. Et cela veut dire que c’est aussi à nous de donner l’exemple en la matière.
J’ai eu une voisine qui a récupéré un chiot… malade. Décédé chez elle au bout de deux semaines.
Car ici, les « élevages » ne font pas dans la dentelle, les animaux sont tassés dans des cages, pas vaccinés, avant d’être vendus à prix d’or.

Un exemple de ces traitements qui, pour la plupart des thaïs, ne semblent pas inhumains, c’est la Siamese Cat House, dans la province de Samut Songkram. Ce lieu, tenu par des « amoureux » du chat siamois a pour objectif de promouvoir cette race de chat et de la faire connaître au public… Et on débarque ainsi dans un espace en plein air, rempli de cages, où les chats s’entassent, sous un malheureux ventilateur pour les rafraichir un peu. Certains chats tournent en rond, répètent les mêmes mouvements encore et encore, signe de dépression chez les animaux. D’autres, écrasés de chaleur, bougent à peine.
Je me suis rendue là-bas dans le cadre d’une inspection pour le travail, s’assurer que le lieu était « responsable ».
Le verdict a été sans appel : non, ça n’est pas responsable. Les animaux sortent une demi-heure tous les trois jours… Et derrière les cages, deux grands espaces de ventes climatisés où s’entassent des jouets, des caisses à chat….

Vous verrez aussi ces cages dans la rues, avec des chiots entassés, manipulés par tous…

Leurs cousins errant sont finalement peut-être plus chanceux : les thaïs, étrangement, leur donne de la nourriture et les laisse tranquilles.

Alors au final, peut-être est-ce pour une fois, au touriste de montrer l’exemple à suivre en refusant ces lieux qui portent atteinte au bien-être animal. Etre un touriste responsable, c’est peut-être aussi ne pas cautionner cela et ne pas acheter un de ces animaux ou payer pour une photo. Certes, on se dit « j’en sauve un », mais c’est également financer un système que vous allez entretenir…

C’est assez difficile de statuer sur la vie animale, mais j’ai rarement eu autant le coeur brisé qu’en Thaïlande à ce sujet. 


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