Je n’en crois pas un mot. Il est évident que l’ancien président de la République n’a pas tenté cyniquement de profiter de la faiblesse mentale d’une vieille dame, qu’il ne l’a nullement escroquée et qu’il n’allait pas, lui-même, toucher des enveloppes.
La vérité est plus simple et elle ressort de façon éclatante du dossier. Sarkozy fut maire de Neuilly et Madame Bettencourt habite Neuilly. La dame est multi-milliardaire (c’est la plus grosse fortune de France). Elle est de droite, elle en pince pour Sarkozy (son homme d’affaires aussi, qui faisait partie du Premier cercle des donateurs de l’UMP) et son défunt mari (qui fut ministre) n’a jamais lésiné sur la distribution de gâteries. Y compris à son ami François Mitterrand.
Donc, Madame Bettencourt a, en toute conscience (même si elle n’a pas toute sa tête), volontairement apporté son écot à l’UMP et à la campagne de Nicolas Sarkozy.
Mais, comme les sommes que l’on a le droit de verser, désormais, à un parti politique ou à un candidat, sont plafonnées, Patrice de Maistre, son homme d’affaires et Eric Woerth, trésorier de l’UMP de Sarkozy, ont organisé -c’est classique- les moyens de profiter plus largement que la loi ne le permet des générosités de la dame. Générosités qui se sont probablement chiffrées, en deux ans, à plusieurs millions d’euros.
Ce n’est pas plus compliqué que cela et l’enquête (concernant les rencontres, les voyages à Genève, les retraits de liquide) ne laisse absolument aucun doute.
La fameuse cassette Méry et les aveux de l’intermédiaire Robert Bourgi montrent -Chirac en étant cette fois le bénéficiaire- comment les choses se passaient.
L’Ivoirien Gbagbo donna aux socialistes, comme le fils Kadhafi aurait donné au clan Sarkozy. Et l’ex-président savait comment il fallait s’y prendre, puisque c’est lui, quand il était ministre du Budget, qui veilla sur l’officine luxembourgeoise qui servait à blanchir, au profit de Balladur, les rétro-commissions sur les marchés d’armes.
Conclusion : de ce dont on l’accuse, en termes purement juridiques, Sarkozy est certainement innocent. Mais, d’avoir profité d’un financement politique illégal, tous les les pontes de l’UMP disent, en revanche, qu’il est coupable. Et que, sur ce point, il a menti.
Jean-François Kahn
Kahn est souvent exaspérant mais en l’occurrence je pense qu’il dit assez vrai. L’inanité du motif de la mise en examen est évident. C'est en ce sens que la justice est critiquable dans cette affaire. Ne pouvant pas instruire sur le motif réel (prescription) elle détourne l'objet.
Quant au financement des campagnes électorales, nous connaissons tous l'hypocrisie absolue de notre Loi en la matière. Nous ne voulons pas reconnaître le "prix" de la démocratie.