Ce passage d'un récent article du Monde sous la plume de Françoise Fressoz dans son blog, résume assez fidèlement mes propres réflexions. Pourquoi l'écrire autrement ?
"Les gouvernants, au sens large du terme, sont à la merci d'une multitude de colères sans avoir beaucoup de prises pour y répondre. L'impasse économique et sociale se double en effet d'une panne idéologique d'autant plus inquiétante qu'elle frappe simultanément les deux camps.
Onze mois après sa défaite, la droite n'a toujours pas été capable d'en analyser les causes ni d'indiquer sur quelle vision elle entendait se reconstruire. Elle offre par sa vacuité une porte d'entrée aux plus extrêmes.
Onze mois après son élection, François Hollande en est réduit, pour éviter l'éclatement des gauches, à définir sa politique économique par un "ni-ni" (ni austérité ni relance) peu porteur."
Cette véritable "panne" est lourdement ressentie par les citoyens. Convaincus de la gravité des problèmes qui se posent à notre société; ils ne perçoivent pas véritablement une alternative crédible et mobilisatrice. Cette incertitude participe prioritairement au "mauvais climat" ressenti.
L'impossibilité de concevoir l'organisation européenne autrement qu'après le déni démocratique de 2005 n'a pas fini de laisser des traces délétères.
C'est ainsi que dans ce désordre des têtes nous assistons a un fort durcissement de la droite "dure". Le phénomène ne touche pas que la France. Aux Etats-Unis, aux Pays-Bas, la radicalisation se fait autour de l'immigration et de l'islam. Au Royaume-Uni, elle se radicalise sur le rejet de l'Europe etc. La droite républicaine ne sait plus à quel saint se vouer. Elle est tentée de durcir son discours.
A gauche c'est la profonde démoralisation. Au delà de la perte du brevet "moral" post Cahuzac, ce sont les difficultés du gouvernement à juguler une crise qu'ils avaient presque niée qui minent les esprits. Jean-Luc Mélenchon, souvent outrancier, peut tout au plus coaguler des désillusions sans entraîner une réelle adhésion sur les solutions proposées.
Il y a donc une paresse de la gauche. Où est passée la grande réforme fiscale défendue pendant la campagne par François Hollande ?
Pour essayer de remplir ce vide abyssal, les formations de gouvernement choisissent ainsi de s'étriper sur des sujets sociétaux, évitant ainsi d'aborder les véritables questions de fond.
Nos concitoyens ne sont pas dupes de cette supercherie.