L’été s’annonce entre ses mains, les ombres rapetissent, se rangent dans un coin.
Le sang a repris son cheminement, les paupières murmurent le retour à la lumière. La mort s’éloigne, encore une fois.
Elle est désirée, de nouveau, l’été s’épanouit, éclate dans ses yeux couleur des prés, le rire ondule son regard.
Les mots s’effleurent, les cœurs s’effeuillent, ça frémit, ça fourmille, ça s’agite de partout. Le nous prend forme, et entame un pas de deux.
Et l'on danse maintenant au rythme des « ondes sensuelles », on M, l’oreiller se tait sous le poids des corps, les plumes volent tout autour, on tourbillonne, on virevolte, l’esprit se capitonne dans le coton, les watts de la lumière tamisée glissent sur les paupières refermées, les yeux pleins d’éclairs, les papillons dans le ventre, le battement de leurs ailes s’espacent et laisse la place à ceux du cœur, liqueur douce-amère qui se répand dans les veines, avènement du plaisir qui s’égrène, au fil du temps, seconde, puis minute...
Seuls dans leur nid, palais délicat des bambous,
Loin des plages, du spleen, du tapage des gares
Et des clubs d'électeurs aux stupides bagarres,
Ils s'adorent, depuis Avril, et font les fous!
Et comme ils ont tiré rideaux lourds et verroux
Et n'ont d'autre souci, parmi les fleurs bizarres,
Que faire chère exquise, et fumer tabacs rares
Ils sont encore au mois des lilas fleurant doux,
Cependant qu'au-dehors déjà le vent d'automne
Dans un de profundis sceptique et monotone
Emporte sous le ciel par les brumes sali,
Les feuilles d'or des bois et les placards moroses
Jaunes, bleus, verts fielleux, écarlates ou roses,
Des candidats noyés par l'averse et l'oubli.(*)
Le temps s’effiloche en lambeaux, inlassablement.
(* : Les amoureux)