Je ne suis ni homosexuel, ni marié. L’encombrement du débat public pourrait se prolonger malgré l’adoption parlementaire du mariage pour tous et ce jusqu’à singer la révolution avortée de leurs parents qui, il y a plus de quarante ans, conchiaient cette institution, comble pour eux du conformisme poussiéreux.Les voilà tout contents d’aller s’encanailler sur le trottoir pour défendre leur intégrisme maritalo-familial. La Frigide Barjot comme emblème disgracieux complète la sinistre parade qui se voudrait joyeuse et colorée. Pour mieux affirmer la légitimité prétendue de leurs discours, cette tripotée d’adultes commet une prise massive d’otages : les enfants forcés à défiler avec leurs géniteurs. Les quelques marmots interviewés laissent échapper des approximations pour les moins éclairés et des vérités dissonantes pour les plus effrontés (« Je ne sais pas pourquoi je suis là… ») qui déshonorent ceux qui les ont contraints à ce panurgisme.Argument majeur des manifestants : la loi Taubira irait à l’encontre de l’intérêt des bambins. Veulent-ils également pénaliser les familles monoparentales et diligenter des milices pour débusquer la présence infâme d’enfants chez les couples homosexuels ? Quand verra-t-on les mêmes défiler avec autant de détermination pour dénoncer le calvaire enduré par des petits de couples hétéros mariés selon les préceptes civilo-religieux ?Ce mouvement révèle le repliement à œillères d’une part grandissante des membres de cette France au vivre-ensemble moribond et au chômage de l’éthique. Peut-être iront-ils jusqu’à troubler les premiers mariages homosexuels, contraignant ces cérémonies à se faire sous protection policière. La Justice pourra alors enfin en coller quelques-uns au trou pour réunion nauséabonde contre une union légale.