Les Plus Grandes Oeuvres de Boris Vian

Publié le 24 avril 2013 par Wtfru @romain_wtfru

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Aujourd’hui sort en salles le nouveau film de Michel Gondry, L’Ecume des Jours, adaptation cinématographique tant attendu du classique de la littérature du même nom. Un livre écrit de la main mais surtout de l’esprit de Boris Vian, artiste emblématique français de l’après guerre. Ecrivain, poète, chanteur, parolier, critique musique ou peintre, c’est peu dire que l’homme aux 10 000 pseudos a marqué sa génération mais aussi les suivantes (notamment les « soixante-huitard ») de son empreinte.
L’occasion est donc donnée avec l’actualité de revenir sur les oeuvres majeures d’un homme qui n’aura jamais cessé de créer et de côtoyer les plus grands artistes de son époque. Et tout ça sur seulement 39 ans.

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.L’écume des Jours (1947)
Autant commencer par le commencement. Parce que c’est lui qui fait l’actu ces dernières semaines et parce qu’il s’agit sans aucun doute du lègue le plus connu de son auteur.
L’écume des Jours, comme la plupart des autres écrits de Vian, n’aura connu les honneurs qu’après le décès de celui-ci. L’écume des Jours n’est pas vraiment un livre, c’est de la poésie imaginaire sur un rythme musical (de jazz si possible). L’histoire, même triste, même belle, n’est pas le sujet principal ici. Ce qui compte, c’est de rêver et de se faire son propre monde. C’est pour cette raison qu’il a fallu attendre plus de 60 ans pour voir le livre enfin adapté sur grand écran. Ce qui fait l’ADN du bouquin est trop casse-gueule puisqu’il va chercher dans la matière grise de chaque personne. Et créer quelque chose de non palpable, même pour le futur, ça aussi c’est du génie.
Tout Vian résumé en une oeuvre. De l’absurde, de la musique et du pessimisme cynique.

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.J’irai Cracher sur Vos Tombes  (1946)
Un an avant L’écume des Jours, l’ami Boris fait parler de lui sous un autre nom, son pseudonyme le plus connu, Vernon Sullivan. Nom qui lui servait pour tout ce qui touchait de près ou de loin au monde américain dont Vian était un amateur (surtout musicalement).
Loin du monde de rêve de son prochain roman, J’irai Cracher sur Vos Tombes est d’une violence inouïe, Sullivan mettant en scène un noir américain qui décide de venger la mort de son frère, tué pour avoir aimer une blanche.
Dénonçant le racisme ambiant de l’époque, Vian n’hésite pas à aller très loin dans le verbe, que ce soit pour parler violence, débauche et même sexe.
Bien évidemment, le livre sera censuré à sa sortie et comme toujours, c’est ce qui contribuera à faire son succès. Son oeuvre la plus noire, sans mauvais jeu de mot.

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L’Herbe Rouge (1950)
Pour lire ce roman, il faut s’armer de courage. La première partie du livre est très très alambiquée et peut rapidement faire perdre la tête et l’envie de poursuivre. Mais c’est une fois la machine enclenchée qu’il prend tout son sens.
Et en parlant de machine, c’est de ça qu’il s’agit puisque l’histoire met en scène un ingénieur qui crée une machine qui remonte le temps ou plutôt le passé d’une personne.
L’Herbe Rouge contient tous les ingrédients habituels, entre fantastique, absurde, humour et pessimisme. Et c’est ce dernier point qui tire son épingle du jeu finalement ici puisque l’on comprend rapidement que les angoisses du personnage principal (notamment le rapport à la mort) sont d’abord celles de Vian, lui à la santé si fragile depuis son enfance.

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.Le Déserteur  (1954)
Vian n’était pas qu’un écrivain comme on vous l’a déjà dit. Et l’autre « art » dans lequel il a excellé est celui de la musique. Grand fan de jazz (dont il écrivait des chroniques pour divers magazines) et trompettiste à ses heures perdues, c’est logiquement qu’il se lance lui aussi dans le grand bain. Mais c’est là aussi ses textes que l’on retient.
Celui du déserteur, pamphlet contre le militarisme, a fait d’énormes vagues à sa sortie, que le hasard a voulu placer le même jour que la défaite français à Dien-Bien-Phu, en Indochine. Une chanson qui sera reprise des centaines de fois, et notamment par Mouloudji, pour sa version la plus connue. Une chanson surtout reprise par tous les antimilitaristes
d’hier et encore d’aujourd’hui. Lève ton poing bien haut.

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.Fais Moi Mal, Johnny (1956)
Chanteur donc mais parolier aussi. Et pour certains spécialistes, on lui doit l’arrivée du rock en France. Ironie du sort, Vian a toujours clamé sa haine pour un genre qu’il trouvait trop fainéant musicalement et textuellement. Mais à l’écoute de ce Fais moi mal, Johnny écrit pour Magali Noël, difficile de nier l’évidence d’une patte rockabilly dedans.
Au passage, le morceau sera bien évidemment boycotté pour ses paroles jugées trop osées par la bonne conscience. Car oui, comme le titre l’indique, il s’agit bien d’une demoiselle demandant à son sex friend d’y aller bien fort…

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.L’arrache-coeur (1953)
L’absurde à son paroxysme. Dernier roman vraiment « valable » de l’auteur, il va pousser le délire très loin ici dans une histoire de psychiatre « vierge » de tout passif dans le métier qui débarque dans un village pour aider une mère de famille qui vient d’accoucher de triplé. Mais comme pour l’écume des jours, c’est tout ce qui est autour qui crée un univers irréel, drôle et original. Avec toujours une pointe de méchanceté gratuite, offerte ici par la mère qui va devenir un peu fofolle avec ses gamins. La boucle est alors bouclée dans la bibliographie courte mais intense de Boris Vian.

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.On aurait pu citer aussi:
-Le recueil de nouvelles Les Fourmis, son tout premier.
-Récits Pornographiques publiés bien plus tard retraçant quelques histoires coquines du mec, qui aimait bien ça, faut l’avouer.
-Son apport dans la musique avec le lancement d’Henri Salvador et son influence sur le Gainsbourg du début, jazzy. Le meilleur quoi.

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