Le 5 mai, en marche contre l'apartheid social

Publié le 24 avril 2013 par Despasperdus

Le coup de force du gouvernement au Sénat pour adopter sans débat et avec la complicité de la droite, l'accord made in MEDEF, rappelle une nouvelle fois que la Vème République donne au pouvoir exécutif des armes qui ne respectent pas les principes de la démocratie. Après tout, c'est normal puisque la Vème République n'est pas une démocratie...

La Constitution du 4 octobre 1958, maintes fois modifiée, permet au pouvoir exécutif de régenter selon son bon plaisir le débat démocratique, soit en le laissant pourrir (mariage pour tous), soit en le court-court-circuitant (TSCG).

Non seulement, l'actuelle majorité continue la politique de l'ancienne majorité, mais encore elle reproduit des comportements qu'elle dénonçait quand elle était dans l'opposition. L'alternance politique est un simulacre de démocratie qui permet seulement aux uns et aux autres d'échanger leurs places. Les élections passent, les majorités changent, mais les élus et la politique sont globalement inchangés.

En l'espèce, la Vème République a permis l'émergence d'une caste aristocratique qui ne représente qu'elle-même, professionnalisée et cooptée, via les partis favorisés par le bipartisme. Les élus parlementaires sont pour la plupart élus à vie grâce au cumul des mandats. Au fil du temps, naissent des habitudes, des camaraderies, inavouables ou pas, des renvois d'ascenseurs entre gens du même monde, et parfois la corruption.

Quelques membres de cette caste se croient au-dessus des lois, quelques uns sont même des repris de justice, et tous bénéficient de systèmes de retraites et d'indemnisation du chômage extraordinaires pour le commun des citoyen-ne-s.

La Vème République favorise aussi la reproduction sociale, dont celles des élus, voire même le népotisme. Certains n'ont jamais travaillé en dehors de la politique : collaborateur d'élu, chargé de mission ou assistant parlementaire sont des professions qui permettent d'entrer directement dans la carrière d'élu. De trop nombreux politiciens ne comptent même pas 10 ans de vie active totalement en dehors de ce milieu. Bref, le personnel politique élu au Parlement est peu au fait des réalités du monde du travail... ne les ayant jamais vécues.

Par ailleurs, il faut toujours avoir en tête que dans cette Vème République, seulement 2,8 % des parlementaires sont des ouvriers et des employés alors qu'ils représentent près de 50 % de la population active.

Cette donnée essentielle donne un autre angle de vue pour appréhender les décisions politiques et la continuité des politiques néolibérales malgré l'alternance UMP - PS.

D'ailleurs, ce sont précisément les ouvriers et les employés (du public et du privé) qui souffrent le plus durement et le plus longtemps des politiques austéritaires de régression sociale soutenues par un Parlement sociologiquement déséquilibré qui défend les intérêts de sa classe.[1]

Aussi, quoiqu'en disent les thuriféraires et les aquabonistes de la Vème République, près 50 % de la population active n'est quasiment pas représentée au Parlement. Et moins encore au gouvernement !

Les institutions de la Vème République organisent un véritable apartheid social. Un apartheid de fait qui exclut près de la moitié de la population. [2]

Ce régime d'apartheid social est renforcé par le système médiatique qui s'assoit sur le pluralisme, l'objectivité et l'honnêteté, et qui promeut les valeurs de l'individualisme, du cynisme et de l'argent roi au détriment du collectif, du civisme et de la solidarité.

Ce système médiatique, aux mains de l'oligarchie, avec ses éditocrates surpayés et multicartes qui dénaturent et caricaturent les idées en répandant des mensonges et des insinuations diffamantes à l'encontre du Front de gauche, entretient l'illusion du débat démocratique tout en assénant qu'une seule politique est possible...

Pour toutes ces raisons, nous serons en marche le 5 mai pour la Sixième République.

Notes

[1] A contrario, une assemblée parlementaire qui représenterait vraiment les citoyens dans leur diversité sociale serait probablement plus sensible au développement des services publics, à l'égalité, à la redistribution, à la justice sociale et moins encline à soutenir l'austérité et la régression sociale.

[2] autrefois en faisant abstraction de l'apartheid qui frappait la population noire, certains considéraient que l'Afrique du Sud était une démocratie avec des élections libres...