Mise en scène Fabrice Gardin
Au Théâtre des Martyrs
Du 19 avril au 25 mai 2013
Infos/réservations : 02/223 32 08
Les mardis à 19h, du mercredi au samedi à 20h15.
Howard Zinn fait revenir Karl Marx dans la petite salle du Théâtre des Martyrs pour nous raconter, de façon truculente, un peu de sa vie et surtout, ‘pour laver son nom’…
Critique :
Êtes-vous contrariés par le retour de Karl Marx ?
« Êtes-vous contrariés par mon retour ? ». La question exige une réponse, la salle s’agite. « Non ! » s’exclame une spectatrice, « restez ! ». Les lumières se ferment, Michel Poncelet salue la salle. Les spectateurs ne cessent d’applaudir, certains ont le sourire aux lèvres, d’autres sont silencieux, se faisant une réflexion sur ce qu’ils ont retenu de la théorie de Marx.
La théorie de Marx. Pas la théorie marxiste. Parce que comme nous l’a rappelé Michel Poncelet ou plutôt Marx lui-même (tant il jouait bien son rôle !), Marx n’est pas marxiste. La phrase a fait rire, et pourtant, si on se plonge dans la vie de l’économiste, du philosophe, du journaliste, on sait que cette affirmation est exacte. Bref, la critique de cette pièce ne demande pas d’exprimer son avis sur les théories de Marx, mais un avis sur la pièce.
Howard Zinn nous livre un texte extraordinaire, exploitant toute la vie, toute la théorie de l’économiste, remettant Marx au goût du jour, nous rappelant qui était Marx et nous livrant qui il serait peut-être aujourd’hui. La crise économique, assimilée à la crise du capitalisme, nous montre que l’auteur du Capital ou encore du Manifeste du Parti communiste n’avait peut-être pas tort. Et si le capitalisme n’était voué qu’à l’échec, comme Marx l’avait prévu ? En 1848, Karl Marx prévoit le déclin du capitalisme « J’étais peut-être en avance de… 150 ans ! », nous livre Michel Poncelet dans le rôle de l’économiste révolutionnaire.
A travers l’histoire de sa vie, Marx observe la société d’aujourd’hui. Il raconte ce qu’il a vu, des SDF dormant sur le trottoir « C’est ça votre progrès ? Où est le progrès ? » Peut-être dans les transports en commun, ou les bouteilles de parfum que vous utilisez chaque matin… « J’ai lu vos journaux […], la richesse concentrée dans des mains de moins en moins nombreuses ». Le comédien s’exprime dans toute la salle, éveillant l’attention des spectateurs, posant des questions aux uns et aux autres, jouant bien son rôle de révolutionnaire convaincu.
Entre deux paroles révolutionnaires, il s’assoit sur sa malle, nous parle de sa vie, nous fait des confidences, fait référence à des personnes connues, d’autres plus intimes sur lui. Il nous parle de Jenny, l’amour de sa vie, qui un jour lui a dit « Touchons-nous vraiment ceux que nous voudrions toucher ? ». Certes, les écrits de Marx sont difficiles à déchiffrer, de plus, ils ont souvent été mal interprétés. Mais un jour, nous convainc Michel Poncelet, et Howard Zinn à travers lui, quand tous prendront conscience d’un ennemi commun, ils s’uniront.
Une pièce humoristique, mais très sérieuse. A ne pas manquer !
Clémentine Herrens