Voilà… La pièce est finie !Une désespérante tragi-comédie tournée en décors naturels dans une Lorraine en ruines, à rebondissements tous plus cyniques les uns que les autres, avec des acteurs de triste composition dans les rôles de pseudo-décideurs politiques, de redoutables comédiens de métier dans les rôles patronaux, et des centaines, des milliers de figurants aux joues et mains noires englués dans leur sentiment permanent d’angoisse et de trahison.La pièce est finie !Le rideau tombe aujourd’hui sur un passé de travail qui a permis, hier encore, de faire la richesse et le rayonnement de la France. Les comédiens professionnels ont déserté le plateau. Ne restent, dans les coulisses, tous projecteurs et espoirs éteints, que les figurants aux joues et mains noires et parfum de ferraille, en compagnie de… leur misère !Une nouvelle fois, ce pays lorrain, cette extrémité du nord-est dont Paris ne se souvient qu’en période critique, de toute Histoire, pour le courage de ses peuples et pour sa contribution aux finances nationales, voit s’ouvrir sur son sol un nouveau cimetière !Comme si les champs de ruines laissés par les rois de France, les nécropoles militaires, les friches industrielles… n’y étaient pas encore assez nombreux !Après les armées royales, les hordes cosaques et prussiennes, les rouleaux compresseurs allemands et alliés de la dernière guerre, la mise en coupe réglée de l’industrie par les spéculateurs indigènes des années 1970, il fallait bien qu’un Indien de l’Inde vînt massacrer le peu de témoignages survivants des qualités du peuple qui avait donné le plus de sang et d’énergie à la Nation !Les hauts fourneaux de Florange sont éteints aujourd’hui !Avec eux, c’est la vie qui s’éteint, sacrifiée sur l’autel de la finance internationale par des grands prêtres d’un libéralisme criminel assassin !Car enfin, à une époque où la demande d’acier ne cesse de croître dans le monde, il était sans doute possible de maintenir en activité des machines qui ont fait leurs preuves, et des hommes dont le savoir-être et le savoir-faire sont partout reconnus. Sans doute était-il possible de permettre à des centaines de familles de continuer à « vivre et travailler dignement au pays » !Mais les spéculateurs aux dents longues et doigts griffus préfèrent donner du travail de bagnards à des esclaves de « pays émergents », contre une poignée de riz quotidienne !Cette mise à mort des hauts fourneaux de Florange est une insulte faite à l’Histoire, un crime perpétré avec la bénédiction des ordonnateurs officiels de notre monde nourris aux OGM de Wall Street et de la City, la pire négation de l’avenir infligée à toutes celles et tous ceux qui osent encore penser et vivre comme des êtres humains.Il faudra qu’un jour… bientôt… demain… ce soir ! soit créé un tribunal exceptionnel, comme le fut celui de Nuremberg, pour juger ces individus et leurs complices qui, au vu et au su du monde entier, au prétexte de dynamisme économique, commettent les pires crimes contre l’humanité !Amies et amis, métallos de Florange, votre drame renforce encore mes racines ouvrières et lorraines dont je suis très fier. Nous sommes faits, pour toujours, du même… métal !La pièce est finie. Ils en ont fait une tragédie.Je pense à vous !Salut et Fraternité.Image : Herserange, le dernier haut-fourneau... couché ! photo Gilles Laporte