« Comment se fait-il que vous connaissiez toutes les chansons ? L’album n’est même pas encore sorti en France…pas légalement en tout cas ». Grand éclat de rire de Devon. La déclaration résume la soirée. Toute la Maroquinerie était en ébullition ce soir et scandait chacune des paroles des chansons d’Half Moon Run. Oui, l’album Dark Eyes n’est pas encore sorti en France, mais ça fait un petit moment que la France est tombée amoureuse de ces Canadiens, alors quand ils sont de passage à Paris, pour un concert bien à eux (et pas en première partie de Mumford & Sons ou Patrick Watson), forcément le public répond présent. En masse. La Maroquinerie est complète et surtout elle réservera un accueil plus que chaleureux au quatuor. Tellement chaleureux que le groupe lui-même n’en revient pas. Les sourires et les regards complices que s’échangent Devon (The Voice) et Conor (The hardrockfolkeux) en disent long. En tout cas, les garçons sont ravis d’être là et leur bonheur n’a rien d’une façade. Il est bien réel.
Leur set commence en douceur avec « 21 Gun Salute », délicieuse mise en bouche, toute en harmonie sous une lumière bleutée. Cosmique. Ils enchaînent avec « Nerve » et « No More Losing War ». Half Moon Run s’amuse à varier les rythmes et les cadences, alternent les titres acoustiques et électriques et présente également de nouveaux morceaux. Première nouvelle pépite : « Unofferable« . Jusque-là, le groupe faisait un peu dans la retenue, mais le set s’enflammera totalement avec « Call Me In The Afternoon », le tube dira-t-on du groupe, tout en énergie et ponctué de rythmes tribaux. Le public donne de la voix, le groupe lui se lâche complètement. Conor fait le show, se jette par terre, secoue sa chevelure toute en bouclette. Ce garçon vient d’inventer le hard-folk ! Fins musiciens, les garçons jonglent toujours entre les instruments, entre la guitare et les percus, parfois même ils jouent deux instruments en même temps (clavier/basse), montrant l’étendue de leur maîtrise technique. Ils montrent aussi l’étendue de leurs répertoires : folk mais pas que. Avec « Drug You » ou « Need it » on flirte avec le psyché, « She Wants To Know » (chanté par toute la Maroquinerie) nous emmène sur des terrains plus indie-pop, tandis que « Rocknroll Life » lorgne largement sur le blues-rock. Dans ce concert totalement survolté, les garçons offriront une pause acoustique. Micro débranché, en ligne au bord de la scène, avec une guitare et un ukulélé, ils entonnent « Vampire« , aux harmonies parfaites. Le public écoute religieusement. Gros moment d’émotion et de communion totale avec les fans.
Après une heure de show, le concert touche à sa fin. On aurait aimé que ça dure plus longtemps. Ils auraient aimé aussi. »Nous sommes un jeune groupe, nous n’avons pas beaucoup de chansons » s’excuse presque Dylan, le batteur. C’est vrai, on a tendance à l’oublier. Leur album n’est pas encore sorti en France, il n’arrive que le 10 juin. Une chose est sûre, ces mecs-là sont partis pour durer longtemps.
Set-list : « 21 Gun Salute/ Nerve/No More Losing War/Judgment/Unofferable/Call Me In The Afternoon/Drug You/Need It/Full Circle/Fire Escape/Give Up/She Wants To Know/Vampire/Rocknroll Life »