Les mythologies et l’Histoire sont riches en mariages. Sociétés et religions ont édicté règles et rites pour encadrer et célébrer l’union entre un homme et une femme. Notre État étant laïque, chaque individu est libre, dans le respect des lois de la République, de pratiquer sa religion. Pour ce qui est du mariage religieux, le ministre du culte doit, avant la cérémonie, vérifier que les époux ont bien contracté auparavant un mariage civil. Ceci permet de tenir à jour l’état-civil et, en portant sur l’acte de naissance de chaque époux mention de ce mariage, d’empêcher la bigamie.
La loi qui vient d’être adoptée par le Parlement étend le mariage civil aux personnes de même sexe. Ses adversaires affirment vouloir défendre les hypothétiques enfants élevés par de tels couples. Sans attendre ces opposants, la loi française s’applique déjà à protéger les enfants de leurs parents. Lorsque ceux-ci n’assurent pas à ceux-là des soins satisfaisants, on peut leur en retirer la garde. Et, en cas de mauvais traitements ou lorsque des coutumes culturelles ou religieuses conduisent à la mutilation d’enfants, comme par exemple l’excision, les responsables sont poursuivis par la justice.
Dans des États musulmans, des intégristes veulent adopter comme unique législation la loi coranique, la charia. Si j’ai bien lu, cette loi révélée prescrit entre autres de mettre à mort les femmes adultères et de trancher la main des voleurs. Toutes proportions gardées, les adversaires du mariage pour tous procèdent de la même façon : imposer à tous des règles qui n’ont à s’appliquer qu’aux adeptes de leur religion. Nul ne songe à leur imposer de modifier les règles du mariage confessionnel. Pourquoi veulent-ils refuser, pour le mariage civil, les droits correspondant à une évolution déjà présente dans la société ?
Un autre raccourci étonnant est l’association permanente du mariage avec la procréation. Les couples stériles, ou ceux qui décident de ne pas avoir d’enfants, ne seraient donc pas mariés à leurs yeux ? Et, soucieux d’assurer à chaque enfant un papa et une maman, plutôt que de battre le pavé dans des manifestations financées par on ne sait qui, qu’attendent ces âmes vertueuses pour soutenir les millions d’enfants vivant dans des familles monoparentales, c’est-à-dire le plus souvent seuls avec leurs mères et dans des foyers où parfois le géniteur s’est aisément affranchi de toutes ses responsabilités ?
Quoique je sois persuadé que de ces détenteurs de la Vérité rejetteront avec force démonstrations les propos impies qui vont suivre, je les formulerai malgré tout. Jésus, fils de Joseph, mais engendré par le Saint-Esprit, a bien été un enfant avec deux papas. Pour ce qui est de la mère de Marie, fruit de l’Immaculée conception, elle fut engendrée sans relation sexuelle. Oserais-je dire que les enfants nés d’une fécondation in vitro sont les seuls véritables enfants de Marie, car nés « sans péché » ?