Intimidations, protestations, règlements de compte... Les violences qui ont éclaté après les élections locales en Côte d'Ivoire ont fait plusieurs dizaines de blessés depuis lundi, essentiellement à Yamoussoukro ou Abidjan. En cause, entre autres : des partisans du RDR de Alassane Ouattara et du PDCI d’Henri Konan Bédié.
Même sans opposition pro-Gbagbo, qui a décidé de boycotter le scrutin, la Côte d’Ivoire ne peut visiblement pas organiser un scrutin sans que des violences ne se déclenchent. Lundi, des incidents ont éclaté dans le pays, se poursuivant mardi. Des troubles qui ont commencé au lendemain des élections locales et qui ont touché notamment Abidjan et Yamoussoukro.
Madi soir, à Koumassi, un quartier très disputé du sud de la capitale économique, la police a dû faire usage de gaz lacrymogène contre de jeunes manifestants qui avaient dressé des barricades et fait brûler des pneus. Vers 23h00 (locales et GMT), « après l'annonce à la télévision de la victoire du maire sortant de Koumassi, Raymond N'dohi, des partisans de son rival Bacongo Cissé sont sortis dans les rues, ont mis le feu à des pneus et barré une voie », a raconté une résidente. « Les jeunes sont armés de gourdins et de machettes », a rapporté un second témoin. D'autres ont fait état de coups de feu, sans en préciser l'origine. Lors des municipales, Koumassi était parmi les quartiers les plus disputés d'Abidjan entre les deux grands partis de la coalition gouvernementale, le Rassemblement des républicains (RDR) du président Alassane Ouattara et le Parti démocratique de Côte d'Ivoire (PDCI) de l'ex-chef d'État Henri Konan Bédié.
Le même genre de scénario s'est déroulé dans d'autres quartiers d'Abidjan et à Yamoussoukro, où des partisans d’un candidat malchanceux ont dénoncé des « fraudes » et se sont violemment heurtés à la police.
S''il n'y pas encore de bilan officiel, le nombre des blessés par armes blanches et même par balles s’élevait déjà à plusieurs dizaines lundi, selon des sources de sécurité consultées par Jeune Afrique. Les autorités avaient pourtant essayé de faire respecter le calme. À Koumassi, dimanche, plusieurs « fauteurs de troubles » - nervis au service d’un candidat - venus intimider les électeurs avaient été arrêtés dimanche, selon une source onusienne. Mais le nombre des protestataire a visiblement surpris les pouvoirs publics.
Casseurs
Des urnes ont été détruites par « près de 200 » casseurs au centre de compilation des résultats de Treichville, un quartier populaire d'Abidjan, a déclaré Inza Diomandé, porte-parole de la CEI. « Malheureusement les forces de l'ordre n'ont pas pu contenir les casseurs », a-t-il regretté. À Ferkessédougou (nord), le siège local de la Commission électorale indépendante (CEI) a lui aussi subi une descente de jeunes. « Ils ont tout saccagé, tous les ordinateurs ont été saccagés », a expliqué un responsable de la CEI.
Des tensions ont aussi été observées à Adjamé, un quartier d'Abidjan, et dans plusieurs autres localités du pays. Selon une source au sein de l'Opération des Nations unies en Côte d'Ivoire (Onuci), qui a appuyé les forces de sécurité ivoiriennes le jour du vote, « neuf communes » du pays ont été touchées à des degrés divers par des cas de destructions ou vols d'urnes.
Participation faible
Ces nombreux incidents mettent essentiellement en cause des partisans du Rassemblement des républicains (RDR) du président Alassane Ouattara et du Parti démocratique de Côte d'Ivoire (PDCI) de l'ex-chef d'Etat Henri Konan Bédié.
De son côté, le Front populaire ivoirien (FPI de Laurent Gbagbo) s'est félicité d'une participation qui s'annonce plutôt faible, y voyant un succès de son appel à bouder une « parodie électorale ». Selon le parti, la participation a oscillé « entre 13% et 15% ». Mais elle a été évaluée par les observateurs à environ 30%, un chiffre confirmé par la CEI. Les résultats complets, dont la proclamation a commencé lundi, sont attendus d'ici au milieu de la semaine.
(Avec AFP)
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