L'exception

Publié le 24 avril 2013 par Toulouseweb
Dans un contexte de récession, le secteur aérospatial se porte bien
Seuls les spécialistes ne sont pas surpris : alors que le taux de chômage est au plus haut, que l’économie française ne cesse de détruire des emplois, que le pessimisme gagne chaque jour du terrain, le secteur aérospatial français affiche une insolente bonne santé. Ses prises de commandes sont supérieures ŕ son chiffre d’affaires et, en 2012, non moins de 15.000 personnes ont été embauchées, dont 8.000 créations nettes d’emplois.
Les effectifs, annonce le Gifas (Groupement des industries françaises aéronautiques et spatiales), atteignent 170.000 personnes, 5% de plus qu’au terme de l’année précédente, et, affirme le groupement professionnel, 2013 s’annonce également trčs favorable. De plus, en tenant compte des emplois indirects, c’est-ŕ-dire des fournisseurs extérieurs au périmčtre du Gifas, 140.000 personnes supplémentaires doivent ętre prises en compte, portant le total ŕ 320.000. Autrement dit un secteur qui compte, d’autant plus que les emplois dits de haut niveau y sont largement majoritaires.
Commentaire de Jean-Paul Herteman, président du Gifas (et par ailleurs PDG du groupe Safran), Ťles filičres aéronautique, espace et Défense constituent des pôles industriels d’excellence que la France doit conserver car elles contribuent ŕ la fois ŕ sa souveraineté, ŕ son développement économique, ŕ l’emploi qualifié et ŕ son positionnement sur les technologies les plus innovantesť. Peut-ętre aurait-il dű ajouter d’entrée que le secteur est aujourd’hui davantage international qu’il ne l’était dans le passé, comme le prouvent notamment Airbus et CFM International. L’un et l’autre contribuent d’ailleurs ŕ soutenir l’importance considérable des activités civiles, 74% du chiffre d’affaires et 84% des commandes l’année derničre. De plus, la relčve est d’ores et déjŕ assurée comme en témoignent les A320 NEO et A350XWB ou encore le moteur de nouvelle génération Leap et Ariane 6.
En 2012, l’industrie aérospatiale française a réalisé un chiffre d’affaires de 42,5 milliards d’euros, en croissance de 16%, dont 29,9 milliards ŕ l’exportation, tandis que les prises de commandes ont atteint prčs de 50 milliards. Il est d’autant moins surprenant qu’il en résulte le premier solde excédentaire de la balance commerciale française.
Tout n’est pas simple pour autant. Ainsi, rançon du succčs, le secteur aérospatial peine ŕ recruter les personnels supplémentaires qui lui sont indispensables. Il ne s’agit apparemment pas du résultat d’un déficit d’image, ou de l’une ou l’autre forme de désaffection mais plutôt de la difficulté des filičres de formation ŕ s’adapter ŕ la demande. D’oů des tentatives nouvelles, souvent originales, par exemple celle de Safran d’engager un certain nombre de laissés pour compte de l’usine PSA d’Aulnay-sous-Bois. Les passerelles entre aéronautique et automobile sont en effet moins rares qu’on ne pourrait l’imaginer.
Le Gifas, pour sa part, multiplie les initiatives, par exemple la création d’un réseau de référents Ťrelations humainesť chez les maîtres d’œuvres pour aider les PME dans leur recherche de personnels. Ou encore le soutien ŕ des partenariats entre grandes entreprises et PME consacrés ŕ l’insertion professionnelle d’apprentis. On retrouvera ces efforts en bonne place, lors du prochain salon du Bourget, dans le cadre d’un forum emploi-formation.
Reste, sur un plan général, ŕ améliorer encore et toujours la compétitivité. Ainsi, le Gifas salue la mise en place du crédit d’impôt mais regrette son impact modéré sur les coűts salariaux. Mais il s’inquičte aussi des conséquences dommageables de la réduction des dépenses de Défense. Reste le fait que le bilan est positif, mieux, impressionnant.
Pierre Sparaco-AeroMorning