La plaisante fin du monde de François Morel...

Publié le 24 avril 2013 par Fousdetheatre.com @FousdeTheatre

Cinquième et avant dernière proposition du comédien dans le cadre de sa carte blanche à la Pépinière, souvent évoquée ici de manière élogieuse depuis le mois de janvier. Avec "La Fin du Monde est pour Dimanche", François Morel compile, dans un spectacle visuellement recherché et extrêmement soigné, quelques unes de ses chroniques radio hebdomadaires délivrées sur France Inter, ayant pour thématique commune le temps qui passe. Son humanité, sa poésie, son élégance et son espièglerie font toujours mouche, même si l'on devine des textes  probablement vite écrits dont la brièveté handicape quelquefois la force ou l'efficacité du propos. Un peu frustrant.

Au fil d'une succession de saynètes, l'artiste, touchant,  se glisse dans la peau d'une galerie de personnages jetant un oeil dans le rétroviseur de leur existence. Souvenirs, joies, blessures enfouies, rêves, regrets... Un peu de lui, beaucoup de nous. Ou l'inverse. Il incarne Jojo, caissière remerciant Sheila d'avoir été un soutien précieux, via son transistor, depuis sa plus tendre enfance (il assume et porte sans grotesquerie robe et boucles d'oreilles), devient un homme narrant son histoire d'amour incomprise et moquée avec une huître (ôde improbable et irrésistible à la tolérance), un autre voulant croire, la cinquantaine passée, qu'il peut encore séduire les jeunes filles dans le métro (la désillusion sera violente). Il prend aussi les traits d'un grand-père expliquant la vie à son petit fils à travers des métaphores plus ou moins alambiquées, d'un journaliste radio commentant en direct depuis l'étable, façon match de foot, la naissance de l'enfant de Marie et Joseph (une fille !). Evoque ce gamin qui n'aimait pas le cirque. Accuse le bonheur de partir sans prévenir. Chante enfin l'urgence de profiter. Car la fin du monde pourrait bien être pour dimanche...  

Musique, projections vidéos, tours de magie habillent superbement une représentation harmonieusement orchestrée par Benjamin Guillard, à la forme une nouvelle fois inédite pour l'ancien Deschiens qui continue d'explorer ce registre tendre, nostalgique, doux-amer, qu'il affectionne et maîtrise joliment. 

Alors, en dépit de notre légère frustration textuelle, nous vous inviterons à emprunter le chemin de la Pépinière.

Jusqu'au 22 juin.

Photo : Manuelle Toussaint