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L’auteur :
Sylvie Tanette est journaliste. Amalia Albanesi est son premier roman.
L’histoire :
Amalia racontait les ronces qui envahissaient les chemins, les oliviers qui partaient à l’assaut des collines et dont, quand elle
était petite, elle avait tellement peur. Elle racontait les brebis dans les granges et les murets de pierres sèches le long des champs. Le sentier qui menait à la falaise et l’âne un jour qui a
sauté. Dans ces moments-là, Amalia redevenait pour un instant la petite fille qu’elle avait été, rêvant du monde entier sans avoir jamais quitté ses collines. Et même, mais alors vraiment
rarement, Amalia parlait du jour où Stepan Iscenderini était arrivé à Tornavalo, le jour où le village s’était arrêté de respirer.
Région des Pouilles, début du XXe siècle : Amalia a passé son enfance à déambuler dans des paysages écrasés de soleil en
imaginant des mondes inconnus au-delà des mers. Le jour où elle croise un beau marin aux yeux verts arrivé de Turquie, et qui dit avoir traversé la mer Noire à la nage, la jeune fille comprend
que l’homme sera à la hauteur de ses rêves. Bientôt, Amalia et Stepan quittent Tornavalo pour aller tenter leur chance à Alexandrie. Début d’un incroyable périple...
De Bari à Istanbul, de Malte au Liban, d’Alexandrie à Marseille, Amalia Albanesi est la saga d’une famille sur quatre
générations. Une lignée de femmes exceptionnelles ballotées d’un bord à l’autre de la Méditerranée au gré d’histoires d’amour passionnelles et des désordres de l’Histoire, de la révolution
bolchévique à la guerre d’Espagne.
Ce que j’ai aimé :
Un des personnages principal de ce court roman est cette région des Pouilles écrasée par la chaleur, à l'atmosphère particulière rendue ici avec talent. Les destins familiaux hors du commun s'entrecroisent pour créer une histoire forte, notamment quand il s'agit de celle d'Amalia, personnage phare du roman.
L'importance de la filiation est au coeur du récit, la narratrice insistant sur la nécessité de connaître ses origines et de ne pas rester un éclecton libre loin de ses racines :
« Et oui, mon petit Téo, il va bien falloir que tu vives avec tout ça. Toutes ces histoires et tous ces gens, que l’on n’a pas choisi, que l’on ne connaît pas, mais qui sont là dans un coin de nos têtes, et parfois se bousculent, jusque dans le moindre de nos gestes. » (p. 135)
Connaître l'histoire de ses ancêtres, au-delà du facteur humain, est indispensable pour réussir à se construire entièrement et non pas sclérosé par des vides inconnus et incompréhensibles...
Ce que j’ai moins aimé :
Néanmoins, j'ai trouvé ce roman trop proche et trop loin à la fois du Soleil des scorta et de Cœur cousu. Trop proche parce que l'atmosphère est la même, mais trop loin car le talent de l'écrivain est loin d'être similaire à celui des deux autres cités...
Voici par exemple un échantillon du style de l'auteure :
« Longtemps je n’ai eu de Tornavalo qu’une image paisible. Genre village méridional avec des tuiles rouges, des murs de pierre ocre prenant doucement le soleil, couleur de miel quand le soir tombe. » (p 20)
« Mais si elle s’imaginait qu’elle allait se débarrasser de lui comme ça, elle se trompait grave, comme dirait mon fils aujourd’hui. » (p. 116)
De plus les allusions incessantes au port de Dubrovnik finissent par être lassantes, sentant trop le procédé narratif qui place en toile de fond une cité idéale, mais sans le talent nécessaire encore une fois pour nous faire rêver
Premières phrases :
« Lorsque j’ai demandé à ma mère des informations sur son grand-père, Stepan Iscenderini, elle n’a, sur l’instant, eu qu’une phrase : « Le jour où il est arrivé à Tornavalo, le village s’est arrêté de respirer. » Et alors j’ai eu sous les yeux un hameau écrasé de soleil, silencieux dans la lumière sans pitié du milieu de la journée, un village avec ses maisons de pierres sèches et ses portes closes, et un grand jeune homme qui commence à remonter les rues étroites, à pas de loup. »
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Scorta de Laurent GAUDE
Amalia Albanesi, Sylvie Tanette, Mercure de France, septembre 2011, 144 p., 14 euros