Pour Jean-Luc Mélenchon, François Hollande est un sophiste raffiné, le champion du "balancement circonspect".
"Lorsque je lui ai dit que j'étais hostile au concept d'"ordre juste", il m'a répondu : "Tu préfères l'ordre injuste" ? Lorsque j'ai exprimé mes doutes sur l'intérêt d'avoir un socialiste à la tête du FMI, il m'a répondu : "Tu préfères que ce soit un libéral qui dirige le FMI ?" Cette méthode de discussion politique est une caractéristique constante de François Hollande. Si bien qu'après une joute avec lui, il est impossible de savoir sur quoi l'on est d'accord et sur quoi on ne l'est pas. (...) Le cœur de sa ligne "démocrate" réside dans l'effacement des contradictions qui traversent la société, l'effacement de la notion même d'affrontement. Je pense notamment à sa manière d'être, le balancement perpétuel de ses arguments qui lui permet de faire toujours passer sa propre position pour une évidence entre deux extrêmes absurdes. C'est le champion d'une figure centrale de l'enseignement de l'ENA que l'on appelle le "balancement circonspect". C'est un sophiste raffiné. (...) Il y a quelque chose d'inéluctablement totalitaire à vouloir empêcher la contradiction de se mettre en place et de s'exprimer. Car alors, comment la dénouer ? Ceux qui ne supportent pas les contradictions finissent toujours par s'en prendre aux contradicteurs."
Propos de Jean-Luc Mélenchon rapportés par Lilian Alemagna et Stéphane Allies, Mélenchon le Plébéien, éditions Robert Laffont, 2012, 370 pages.