Le gaz de schiste et les parfums de scandale qui l’entourent, voilà le sujet du dernier Gus Van Sant, avec au scénario et dans le premier rôle Matt Damon. Ce dernier me surprend agréablement depuis quelques temps déjà : Invictus, Au-delà, Nouveau départ, l’Agence, Contagion…. Et la bande-annonce donnait envie avec un regard réaliste sur l’Amérique profonde, bien loin de la super puissance et de ses Super-Héros…
Steve Butler, tout juste embauché, représentant d’un grand groupe énergétique, se rend avec Sue Thomason dans une petite ville de campagne. Les deux collègues sont convaincus qu’à cause de la crise économique qui sévit, les habitants ne pourront pas refuser leur lucrative proposition de forer leurs terres pour exploiter les ressources énergétiques qu’elles renferment. Ce qui s’annonçait comme un jeu d’enfant va pourtant se compliquer lorsqu’un enseignant respecté critique le projet, soutenu par un activiste écologiste qui affronte Steve aussi bien sur le plan professionnel que personnel…
L’Amérique profonde et son Buddy’s place…
Mon verdict ? Un bon film à vivre et à réfléchir. Pas de manichéisme, avec un rapport intelligent aux personnages. Les individualité ne sont pas mises en cause mais plutôt explorées sans jugement. Il n’y a pas d’un côté les « méchants » de la compagnie et de l’autre, les gentils agriculteurs bafoués. Le parti pris du scénario est de présenter les arguments de chacun : oui, Steve Butler, de bonne foi, veut faire signer les agriculteurs pour éviter que cette campagne ne meure de l’évolution de la société. Non, il n’est pas au courant des répercussions écologiques que les forages peuvent entraîner. De même, sa collègue est beaucoup plus pragmatique que lui, mais on s’attache follement à elle, cette madame tout-le-monde qui a besoin de ce job pour éduquer son fils… Quant à Dustin Noble, l’activiste écologique, il est intéressant de suivre son parcours.
Dossiers confidentiels, complots, idéologies, manipulations…beaucoup de choses en somme…
L’intégralité du casting est impeccable, à commencer par Matt Damon qui confère à son rôle une naïveté intelligente, à l’image de son personnage, jeune recrue qui doit trouver ses marques dans ce job, sans pour autant se laisser déstabiliser par les gens qu’il rencontre. Un rôle sur le fil qu’il maîtrise très bien. Frances McDormand (que j’avais déjà bien appréciée dans Burn after reading 2008) rend son personnage dès plus intéressant, une femme qui cherche à revivre avec un aplomb et une répartie très drôle et la solitude que l’on sent derrière. On y retrouve aussi Hal Holbrook (Frank Yates) déjà adoré dans Lincoln. D’un regard et d’une phrase courte, il en impose.
Hal Holbrook: une « gueule »!
Ce film est vraiment pétri d’humanité, entre la ville qui en soit est comme un personnage avec son propre rythme, ses couleurs et son bar, et les habitants ancrés dans leurs racines, ne sachant que faire pour que le radeau ne coule pas. Et le tout est loin d’être glauque et lourd au niveau de l’ambiance. Beaucoup de touches d’humour sont parsemés dans ce drame social. Quant à la fin, quelque peu prévisible, elle ne tombe pas complètement dans le mièvre, et heureusement.
Frances McDormand, impressionnante !
Un peu de Bruce Springsteen dans les oreilles et beaucoup de country, qui collent parfaitement à l’atmosphère, complètent très bien le tout.
Roseline
Promised Land : de Gus Van Sant, avec Matt Damon, Frances McDormand, John Krasinski, Rosemarie DeWitt..Sortie en salle le 17 avril 2013.