C’est au bord de la route ensoleillée,
dans le tronc d’arbre creux depuis longtemps changé
en auge, et qui renouvelle sans bruit
son eau intérieure, que j’abreuve
ma soif : en absorbant par les poignets
la venue, la gaieté de l’eau.
Boire me serait trop déjà, et trop distinct ;
mais ce geste d’attente fait monter
à ma conscience l’eau claire.
Ainsi, serais-tu là, ne faudrait-il,
- pour me désaltérer, que mes mains posées à peine
ou sur la courbe de ta jeune épaule,
ou sur le gonflement de tes deux seins.
Rainer Maria Rilke